Deutsche Hochschule für Körperkultur Leipzig IV (Ecole supérieure alle…

Issue de la génération d’artistes – tels Thomas Ruff, Thomas Struth ou Andreas Gursky – formés à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf auprès de Bernd Becher, inspirateur, avec son épouse Hilla, d’une véritable école de photographie allemande, Candida Höfer s’en démarque notamment par son attachement quasi exclusif, jusqu’à la fin des années 1990, au petit et au moyen format. Les intérieurs d’espaces publics ou semi-publics qu’elle photographie avec un matériel léger, maniable, sont souvent saisis depuis le point de vue du visiteur, renforçant la proximité, l’intimité avec le lieu choisi. Si la présence du public est ainsi convoquée, celui-ci est généralement absent de l’image, ou à peine visible, comme dans Deutsche Hochschule ..., qui s’inscrit dans cet inventaire de lieux privilégiés par l’artiste, tels les bibliothèques ou les musées, où sont conservés et transmis culture et savoir. À un certain objectivisme, Candida Höfer oppose une approche sensible, captant des compositions préexistantes dans lesquelles la lumière, naturelle ou artificielle, fait vibrer l’architecture comme pour rappeler que ces ordonnancements rigoureux, impressionnants dans leur monumentalité ou leur systématisme, sont aussi destinés à l’homme. Discrètement, l’artiste effleure la question de l’adéquation entre destination et réalisation du bâtiment, laissant émerger le poids du conditionnement généré par l’architecture, l’ornement ou le mobilier. Dans Deutsche Hochschule …, l’alignement saisissant des baies vitrées sur plusieurs rangées, laissant pénétrer la lumière qui envahit tout l’espace en se réfléchissant au sol, semble vouloir souligner, dans le contexte de l’ex-Allemagne de l’Est, l’attachement à la culture physique comme valeur absolue. Mais tout à la fois, l’image renvoie ce lieu presque vide à lui-même.

Sophie Duplaix

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007