Paysage de la guerre
[1942 - 1944]
Paysage de la guerre
[1942 - 1944]
Domain | Dessin |
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Techniques | Gouache et encre sur page d'atlas de géographie |
Dimensions | 23 x 31,7 cm |
Acquisition | Don de Mme Mangelos, 1994 |
Inventory no. | AM 1995-20 |
Detailed description
Artist |
Mangelos (Dimitrije Basicevic, dit)
(1921, Yougoslavie (avant 1991) - 1987, Yougoslavie (avant 1991)) |
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Main title | Paysage de la guerre |
Creation date | [1942 - 1944] |
Domain | Dessin |
Techniques | Gouache et encre sur page d'atlas de géographie |
Dimensions | 23 x 31,7 cm |
Inscriptions | Titré en bas au centre : paysage de la guerre |
Acquisition | Don de Mme Mangelos, 1994 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1995-20 |
Analysis
Après des études d’histoire de l’art et de philosophie à Vienne et à Zagreb, Dimitrije Bašićević Mangelos, fils du célèbre peintre naïf Ilija Bašićević Bosilj, travaille jusqu’en 1960 comme conservateur de la Galerie d’art moderne de Zagreb, puis s’occupe du Musée d’art naïf. À partir de 1971, il dirige le Centre du film, de la photographie et de la télévision.
Entre 1959 et 1966, il est un membre actif de Gorgona, groupe artistique d’obédience néo-Dada qui emprunte son nom à l’un de ses poèmes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ses premiers essais d’écriture poétique apparaissent dans des cahiers d’écolier où il consigne, sur des rectangles noirs qui recouvrent la feuille, son sentiment de peur. Ces rectangles sont ensuite agrandis en tableaux noirs sur lesquels il inscrit, en français : « paysages de la guerre, paysages de la mort ». C’est pour lui le commencement d’un travail qui prendra après la guerre un sens totalement différent. « Ces rectangles noirs devenaient des tabula rasa, parce qu’ils sont liés à l’idée qu’il faut commencer en faisant table rase, et non à partir de l’existant, et pour moi tabula rasa est devenu cette tombe ». La surface n’en est jamais uniforme, elle présente des nuances : traits de pinceau, dégradés de gris. Ces tabula rasa sont un lieu de méditation sur le chaos, la surface noire étant la trace d’une chose disparue. Mangelos travaille par séries thématiques, déclinées de façon obsessionnelle sur différents supports : carnets, papiers, cartons, tableaux noirs, globes terrestres, etc. Les « Négations de la peinture » sont une allusion à la mort de l’image, les reproductions de peintures sont rayées d’une croix. L’étape suivante sera l’inscription d’une lettre, une variation sur les alphabets latin ou cyrillique. « J’ai voulu me battre contre la part irrationnelle que porte la peinture, considérant que je peux la nier par la lettre, l’élément rationnel de la pensée », dit-il. Cette série est suivie de Pythagoras , une réflexion sur le système de représentation géométrique. Dans les « Manifestos », Mangelos exprime ses idées sur l’art et la vie, et sa conception du monde.
Toute son œuvre, qu’il intitule « noart », oscille entre deux pôles : une démarche conceptuelle théorique de critique et d’histoire de l’art, et une sensibilité liée aux souvenirs d’enfance, une écriture poétique, opposition entre visuel et écrit, art et non-art, philosophie et image. L’artiste a divisé son travail en plusieurs périodes, « Mangelos I à 9 », annonçant même de façon prémonitoire l’année de sa mort dans cette classification, qui se termine par « Mangelos 9 : 1984-1987 », dans Les Champs du dernier goulag (un « Manifeste » de 1978).
Marie-Laure Bernadac
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008