Sans titre

Peintre d’origine allemande, Jan Voss s’établit à Paris en 1960. Dans ses premiers travaux, il couvre ses toiles et dessins de personnages esquissés et d’objets, en prenant le soin que ceux-ci n’instaurent aucune narration. Dans les années 1970, il réalise des tableaux de grand format, qui portent tous le même Sans titre . L’espace rempli de signes devient le « principal personnage ». Dès lors, Voss ne colore plus des formes mais des lignes foisonnantes, irrégulièrement rythmées, qui courent, se croisent, s’entrecroisent sur la surface de la toile. Parfois leurs méandres renferment de petits signes vagues ou de petites formes que l’on s’amuse à déchiffrer et qui ravivent des impressions d’enfance. « Peu de peintures, écrit Gérald Gassiot-Talabot, se prêtent aussi bien que celle-ci au plaisir des commentaires descriptifs. On pourrait même tenter, si cela n’était complètement inutile, de mettre un peu d’ordre dans ce tohu-bohu ». Et pourtant, tout est ici réduit au minimum, à une ligne tant « multidimensionnelle » que « polysémique ». Qu’il lui arrive de figurer un poisson, une croix, ou un bateau, n’est qu’une des innombrables possibilités de ses constantes mutations, variations, disjonctions. La nécessité d’être « aérien » a conduit Voss à utiliser l’aquarelle, médium de la légèreté. « Ce qui est formidable, dit-il, c’est que du point de vue technique il n’y a rien. Ça sèche tout de suite. Pas la moindre matière. » Concernant les œuvres de cette époque, il ajoute : « C’était faire de la peinture avec rien. Une ligne, de l’aquarelle, rien, presque rien. »

Caroline Edde

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007