Chasuble
1950 - 1952
Detailed description
Artist |
Henri Matisse
(1869, France - 1954, France) | |
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Main title | Chasuble | |
Creation date | 1950 - 1952 | |
Place of production | réalisé à Nice | |
Domain | Dessin | Collage | |
Techniques | Papiers gouachés, découpés, collés sur papier marouflé sur toile | |
Design stage | Projet de maquette | |
Dimensions | 126 x 197,5 cm | |
Notes | dessiné pour la chapelle Notre-Dame du Rosaire (Vence) | |
Acquisition | Don de Famille Matisse, 1986 | |
Collection area | Cabinet d'art graphique | |
Inventory no. | AM 1986-168 | |
In deposit | Musée départemental Matisse (Le Cateau-Cambrésis) depuis le 04-09-1986 |
Analysis
Œuvre d'art totale, le décor de la Chapelle de Vence ne prend pas en compte seulement la couleur, la lumière et l'espace, mais aussi le mouvement et le temps. Le rituel de l'église, selon sa propre dramaturgie minimale, implique quelques gestes, des costumes, des déplacements codifiés, et en définitive pour l'œil du peintre, un certain nombre de combinaisons colorées, différentes selon les saisons du cycle liturgique. « J'ai compris le noir et le blanc des costumes des Sœurs comme un des éléments de la composition de la chapelle...» a dit Matisse1. À ce noir et blanc (renvoyant aux murs de céramique) s'opposera la chasuble colorée revêtue par l'officiant.
Matisse n'aborda qu'en dernier lieu (à la fin de l'été 1950) la conception des six chasubles (à fond blanc, vert, violet, rouge, rose et noir, les six couleurs prescrites par la liturgie). Jusqu'en 1952 il y consacra beaucoup d'attention et d'énergie, puisque nous sont connus au moins vingt-deux projets2 parmi lesquels douze furent retenus (dos et devants de six chasubles). Plusieurs de ses visiteurs à Nice purent ainsi admirer les maquettes multicolores piquées aux murs de l'atelier comme de grands papillons3. Matisse avait en effet adopté, à l'instigation du Père Couturier, une forme en demi-cercle (inspirée de la chlamyde antique, et remplaçant l'ornement ancien en forme de « boîte à violon » encore usité dans les années trente).
De la chasuble noire, utilisée pour les messes des morts, pour la Toussaint et pour le vendredi saint, il existe en dehors de la maquette définitive conservée au Musée Matisse de Nice, cinq maquettes d'étude, soit une première étude, isolée, et deux maquettes complètes (dos et devant)4. Autour de la croix, ressurgissent des formes végétales ou marines ressortant en positif sur le fond noir, une fois de plus transformé en lumière... Jusqu'à ce que Matisse rencontre le thème approprié à ce qui est en définitive une symbolique de la résurrection5. Il commente ainsi la composition finalement retenue (à laquelle le projet du Cateau est directement lié) : « Composition née du désir de faire du blé et de la rencontre d'un mot provençal qui veut dire dessiller — voir ou apercevoir — en réfléchissant devant une chasuble mortuaire on peut comprendre que la façon la plus rassurante de se présenter devant la mort est d'être accompagné par de bonnes actions (blé). Esperlucat — du Dictionnaire des synonymes Larousse ».6
Isabelle Monod-Fontaine
Notes :
1. In « La Chapelle de Vence, aboutissement d'une vie », France-Illustration, noël 1951.
2. Cf. notamment le catalogue de l'exposition The Paper cut-outs of Henri Matisse, Washington, National Gallery of Art, septembre-octobre 1977 // Détroit, Institute of Arts, novembre 1977-janvier 1978 // Saint-Louis, Art Museum, janvier-mars 1978, qui les étudie et répertorie (pp. 181 à 201), ainsi que « Elderfield 1978 » (pp. 154-157). Le Musée Matisse de Nice possède cinq des maquettes définitives (dos et devants).
3. Cf. la note d'Alfred Barr datée de 1955, citée par « Elderfield 1978 », p. 154 : « En 1952, quand j'ai vu Matisse pour la dernière fois, dans son atelier de Nice, il y avait une vingtaine de maquettes de chasubles étalées sur le mur comme des papillons géants. Je comprenais facilement l'enthousiasme de Picasso. Elles me parurent compter parmi les œuvres les plus pures et les plus rayonnantes créées par Matisse ».
4. Le MNAM conserve la maquette isolée et l'une des maquettes doubles ; la deuxième, également dos et devant, est conservée au Musée Matisse du Cateau-Cambrésis.
5. Le Père Couturier rapporte le 15 mars 1952 : « Nous parlons de la chasuble noire: je lui dis que ce n'est pas une chasuble triste, mais une chasuble de résurrection. Il me répond : "C'est ce qu'il faut, n'est-ce pas ? La mort n'est pas la fin de tout, c'est une porte qui s'ouvre".(Se garder libre, cité dans Henri Matisse, Écrits et propos sur l'art, édition établie par Dominique Fourcade, Paris, Hermann, 1972, p. 273).
6. Note de Matisse (1951-1952) en regard de la reproduction de la chasuble noire « Esperlucat », dans Les Chapelles du Rosaire à Vence par Matisse et de Notre-Dame du Haut à Ronchamp par Le Corbusier, Paris, Éditions du Cerf, 1955.
Source :
Extrait du catalogue Œuvres de Matisse, catalogue établi par Isabelle Monod-Fontaine, Anne Baldassari et Claude Laugier, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 1989
Bibliography
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Szymusiak (Dominique) .- "Les chasubles , "les oeuvres les plus pures et les plus rayonnates créées par Matisse"", in catalogue Matisse et la couleur des tissus : Cateau Cambresis, 2004-2005 .- Paris, Gallimard, 2004 (ill. 39 reprod. p. 63) . N° isbn 2-07-011788-X
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Henri Matisse: The Cut-Outs (sous la dir. de Karl Buchberg, Nicholas Cullinan, Jodi Hauptman et Nicholas Serota) : Londres, Tate Modern, 17 avr.-7 sept. 2014 ; New York, The Museum of Modern Art, 25 oct. 2014-9 févr. 2015.- Londres, Tate Publishing, 2014 (cat. n° 81 cit. p. 163 et reprod. coul. p. 172, reprod. p. 56) . N° isbn 978-1-84976-130-7
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Henri Matisse : The Colour of Ideas. Masterpieces from the Centre Pompidou, Paris : Budapest, Museum of Fine Arts, 30 juin-16 octobre 2022. - Paris/Budapest : éd. Centre Pompidou/Museum of Fine Arts, 2022 (sous la dir. d''Aurélie Verdier et David Fehér) (fig. 48 cit. p. 101, 263 et reprod. coul. p. 103) . N° isbn 978-615-5987-85-4
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