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Le temps est un facteur déterminant dans la démarche de Christian Jaccard. Très jeune, il collecte des fossiles, puis, étudiant, il se passionne pour les reports d’empreintes sur les pierres lithographiques. Au début des années 1970, il est confronté aux travaux du mouvement Supports/Surfaces et développe son art en marge de celui-ci, notamment sous l’impulsion des recherches qu’avait entreprises Simon Hantaï, au début des années 1960 (le pliage comme méthode). En 1972, il met en rapport, pour la première fois, une échelle de corde manufacturée et son empreinte laissée sur la toile. Substituant ensuite aux cordages manufacturés son propre outillage réalisé à partir de cordes nouées, il procède par étapes : après la fabrication de l’outil – l’échelle – il en réalise l’empreinte ; sur l’échelle posée au sol est placée une première toile libre sur laquelle Jaccard passe un rouleau d’imprimerie encré (trois passages successifs d’encres différentes). Simple écran, la toile-réceptacle ne supporte que des variations sur la couleur qui se marque de façon diffuse et irrégulière. Cette technique témoigne du refus de Jaccard d’apposer la couleur de façon traditionnelle, à l’aide d’un pinceau, directement sur la toile. Pour la seconde toile, il répète l’opération de façon à recouvrir la totalité de la surface, obtenant ainsi une peinture all over . La toile, qui avait été pliée au préalable, laisse apparaître une couleur uniforme sous les plis en réserve, rompant ainsi l’uniformité du motif.

Nadine Pouillon

Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007