Notes
| Thesis on the Theory of Repetition, 1973
1. The unique is devaluated by repetition, with its concrete existence increasing and its essential existence decreasing. 2. Only what is repeated is manifested; only what is repeated is non-existent. 3. The non-existent is sensed by referring to memory. 4. What is born, created or changing, is manifested in repetition, it also dies in repetition. 5. In the turmoil of creation the same can never be achieved twice. 6. Creation accumulates unperceivably, and manifests itself suddenly. 7. The absolute new is unrecognizable, unperceivable, and thus it cannot manifest itself. 8. In the process of representation the thing represented suffers substantial mutilation. This constitutes the fallacy of traditional art, which originally formed the means of magical engagement with the forces of evil and destruction. The representation is partial, since the represented is not reproduced in its own material, thus equally partial is the elimination of the represented. This constitutes the limitation of the magical representation. 9. The perfect copy of the accidental reduces the feeling of the accidental. 10. The existence of human duplicates, twins, is a depressing nonsense and a metaphysical scandal for the individual consciousness, because it increases the feeling of the accidental. (1) 11. The psychological duplicate (déjà-vu) enhances self-awareness by emphasizing the uniqueness of the Self in complete repetition. 12. By moldings matter, which otherwise would be formed accidentally or according to its own structural properties, into identical forms, serial production protects the consciousness from a feeling of alienation with respect to the natural environment, at the same time ushering it towards the general through the avoidance of the "common." 13. Since man can stand neither the catalepsy of total identification nor the dizziness of continuous change and diversity, he regards the sphere of resemblances and analogies, rhythmical changes and dialectical periods as his own. He looks for the same in the different, and the different in the identical. The man of intellect, however, can only recognize himself in total change.
Miklós Erdély
Thèses sur la théorie de la répétition, 1973
1. L'unique est dévalué par la répétition, son existence concrète allant en augmentant et son existence essentielle allant en diminuant. 2. Seul ce qui est répété est manifesté ; seul ce qui est répété est inexistant. 3. L'inexistant est pressenti par référence à la mémoire. 4. Ce qui est né, créé ou modifié est manifesté dans la répétition, et meurt dans la répétition. 5. Dans le tumulte de la création, le même ne peut jamais être réalisé deux fois. 6. La création accumule imperceptiblement et se manifeste soudainement. 7. Ce qui est absolument nouveau est méconnaissable, imperceptible et ne peut par conséquent se manifester. 8. Dans le processus de représentation, la chose représentée souffre de mutilation substantielle. Cela, c'est l'erreur de l'art traditionnel, qui offrait à l'origine le moyen d'un combat magique contre les forces du mal et de destruction. La représentation n'est que partielle, puisque le représenté n'est pas reproduit dans son matériau propre ; dès lors, la suppression du représenté est elle aussi partielle. Voilà ce qui limite la représentation magique. 9. La copie parfaite de l'accidentel atténue le sentiment de l'accidentel. 10. L'existence de doubles humains - de jumeaux - constitue pour la conscience individuelle une absurdité accablante et un scandale métaphysique, car elle renforce le sentiment de l'accidentel. [1] 11. Le double psychologique [le déjà-vu] augmente la conscience de soi en accentuant l'unicité du Soi dans une répétition intégrale. 12. Par le moulage du matériau, qui par ailleurs aurait été formé accidentellement ou conformément à ses propriétés structurelles, en formes identiques, la production en série protège la conscience d'un sentiment d'aliénation vis-à-vis de l'environnement naturel, tout en la dirigeant vers le général par l'évitement du "commun". 13. Puisque l'homme ne peut supporter ni la catalepsie de l'identification totale ni le vertige de la diversité et du changement continu, celui-ci considère comme sienne la sphère des ressemblances et des analogies, des changements rythmiques et des périodes dialectiques. Il recherche le même dans le différent et le différent dans l'identique. Cependant, l'homme d'esprit ne peut se reconnaître lui-même que dans le changement total.
Miklos Erdély |
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