Grisou
1935
Grisou
1935
Domain | Dessin |
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Techniques | Décalcomanie, gouache au pochoir sur papier |
Dimensions | 32,5 x 50 cm |
Acquisition | Achat, 1975 |
Inventory no. | AM 1975-77 |
Detailed description
Artist |
Marcel Jean
(1900, France - 1993, France) |
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Main title | Grisou |
Creation date | 1935 |
Domain | Dessin |
Techniques | Décalcomanie, gouache au pochoir sur papier |
Dimensions | 32,5 x 50 cm |
Inscriptions | Signé et daté en bas à gauche : marcel jean 1935 |
Acquisition | Achat, 1975 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1975-77 |
Analysis
Auteur d’une Histoire de la peinture surréaliste (1967), Marcel Jean a pu d’autant mieux rédiger cette contribution à l’histoire de l’art qu’il a été, à partir de 1933, engagé dans les activités du groupe. Il s’attache dans ses premières réalisations à un procédé dénommé décalcomanie, que le peintre espagnol Óscar Domínguez, entré dans le groupe surréaliste à Paris en septembre 1934, a redécouvert depuis peu et qui devient, après le collage, le frottage, le grattage, le fumage, l’une des pratiques surréalistes par excellence, faisant appel au hasard, ce fameux hasard susceptible de mettre à jour les données de l’inconscient et de stimuler l’imaginaire. Dans un article du Minotaure (nº 28) paru en 1936, André Breton vante les mérites de cette technique « automatique », déjà utilisée par Victor Hugo ou George Sand – sous le nom de dendrite : « d’une décalcomanie sans objet préconçu (décalcomanie du désir) ». Il salue cette « recette à la portée de tous, qui demande à être incorporée aux secrets de l’art magique surréaliste », et qui « ouvre à volonté sa fenêtre sur les plus beaux paysages du monde et d’ailleurs » : « Étendez au moyen d’un gros pinceau de la gouache noire, plus ou moins diluée par places, sur une feuille de papier blanc que vous recouvrez aussitôt d’une feuille semblable sur laquelle vous exercez du revers de la main une pression moyenne ; soulevez sans hâte par son bord supérieur cette seconde feuille […] quitte à la réappliquer et à la soulever de nouveau jusqu’à séchage à peu près complet. Ce que vous avez devant vous n’est peut-être que le vieux mur paranoïaque de Vinci, mais c’est ce mur porté à sa perfection. »
Le hasard n’étant pas toujours aussi surprenant qu’on l’aurait souhaité, Marcel Jean et André Breton, qui expérimentent le procédé (avant que Max Ernst ne s’en empare avec autorité), vont compliquer la tâche avec une « interprétation préméditée » obtenue à l’aide de pochoirs. Grisou fait partie d’une série de six décalcomanies ainsi réalisées, en 1935, avec le profil d’un visage, dont elles sont autant de variations, négatives et positives. L’apparition de la figure est désormais soumise aux caprices de la matière, et à son empreinte : la surprise commande le résultat. La combinaison de cette forme précise et des méandres de la gouache noire – dont les effets d’image fluctuante et de halo lumineux rappellent ceux de la photographie de L’Ondine (1934), réalisée par Rogi André – produit une métaphore efficace de l’inconscient.
Marcel Jean utilisera par ailleurs une variante de cette technique, le flottage, qui résulte de l’impossible fusion de l’huile colorée avec l’eau.
Agnès de la Beaumelle
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008