Une histoire du cinéma, vol. 16

The Film that Rises to the Surface of Clarified Butter de George Landow (1944-2011, connu également sous le nom d’Owen Land) est un petit traité de démonologie. Dans une série de séquences qui se répètent en boucle avec des variations et des inversions négatif-positif, un homme et une femme animent deux créatures dessinées sur papier. Cette scène mystérieuse, accompagnée d’un chant sacré tibétain, aurait été inspirée à son auteur par sa lecture des Upanishads. 

Avec Knocturne, George Kuchar (1942-2011) délivre le dernier chapitre d’une trilogie underground idéale comprenant ses chefs-d’œuvre Hold Me While I’m Naked (1966) et Eclipse of the Sun Virgin (1967), des films qui se situent quelque part entre le mélodrame, la comédie grotesque et la série B. Selon les mots de son auteur, « la lune montante est le thème principal de ce court métrage qui met en scène trois personnes et un animal dans leurs rituels nocturnes. »

Inspirés dans les années 1960 par le New American Cinema, les Allemands Wilhelm (né en 1940) et Birgit Hein (1942-2023) transforment, dans Rohfilm, un ensemble de rebuts filmiques en bombardement visuel (et sonore, avec une bande-son conçue par Christian Michelis, le frère de Birgit Hein). Débris et fragments 16 mm et 8 mm sont combinés, transférés, refilmés. Rohfilm est un véritable manifeste du film conçu comme artefact matériel, qu’interrompt par intermittences l’apparition de quelques images identifiables (dans certaines on reconnaît les auteurs).

The Bed, du poète James Broughton (1913-1999), doyen de la San Francisco Renaissance, clôture le programme. Film culte de la fin des années 1960, The Bed, comme son titre l’indique, fait du lit la forme allégorique de l’existence humaine (le lieu de la naissance, de l’amour et de la mort). Les nombreuses scènes de nu confèrent à ce classique de la contreculture de la côte ouest des États-Unis une partie de sa notoriété.