Nostos II de Thierry Kuntzel

Cette exposition est consacrée à une installation vidéo de Thierry Kuntzel intitulée Nostos II.

L’installation se compose de neuf écrans identiques, formant un rectangle qui lui-même reprend le rapport largeur-hauteur des images. Les moniteurs sont reliés à neuf magnétoscopes diffusant chacun une bande différente. Ainsi, à partir d’un montage « lisible », les formes se mettent à hésiter, flotter, se liquéfier d’un écran à l’autre, de plus en plus vite, jusqu’à ce que se perde la notion de cadre au profit d’une image en action, jamais figée en un tableau.

L’image, en noir et blanc, est produite par une paluche, caméra miniature qui permet un travail gestuel impossible avec un matériel classique.

Cette caméra, déréglée pour la circonstance (un très fort traînage), permet de moduler étonnamment la figuration : alors que dans l’immobilité ou de légers déplacements, l’image est reconnaissable, le mouvement (de l’objet filmé ou de la caméra) fait s’évanouir la ressemblance, laissant place à une matière lumineuse (selon la vitesse, flaques laiteuses, coulures ou jets), le processus inverse de stabilisation produisant l’impression d’une figure émergeant de l’informe. Un seul écran est insuffisant pour qu’apparaisse ce balancement entre la représentation et le mouvement qui l’excède (dans les moments les plus rapides, un effet de dripping électronique).

L’installation a trouvé sa cohérence du côté de son titre (Nostos : le retour) : répétition et différence, sentiment de déjà-vu et toujours-oublié qu’est venu amplifier l’emprunt à quelques fragments sonores de Letter From An Unknown Woman de Max Ophüls.

Thierry Kuntzel cite Henri Michaux :

« Le petit tas colorant qui se désamorce en infimes particules, ces passages et non l’arrêt final, le tableau, voilà ce que j’aime. En somme, c’est le cinéma que j’apprécie le plus dans la peinture. »

D’après Thierry Kuntzel, communiqué de presse