Où va le cinéma ?

Koji Wakamatsu

Koji Wakamatsu, l'enfant terrible du cinéma japonais, est connu pour sa pléthorique filmographie majoritairement constituée de séries B érotiques. Mais moins qu'un érotomane formaliste, Wakamatsu est un cinéaste enragé pour qui le sexe est d'abord affaire de politique. Né en 1936, cet enfant de la campagne débarqué à Tokyo devient très jeune un petit yakuza. A sa sortie de prison, il se prend de passion pour le cinéma et trouve du travail à la télévision, puis dans les milieux du pinku eiga, les films sexy nippons. Les années d'apprentissage de Wakamatsu, son expérience carcérale ont forgé le caractère et les convictions d'un homme foncièrement révolté et insoumis, hostile aux forces de l'ordre et au pouvoir politique en place. Ses films érotiques frappent par leur avantgardisme, mais aussi leur discours subversif et engagé. Des récits souvent très cruels d'humiliation et de relations sadomasochistes qui sont autant de critiques d'une société capitaliste, machiste et soumise à la puissance militaire et politique des Etats-Unis (...).

O. Père

Serge Bozon

D'abord l'un des plus brillants rédacteurs de la défunte Lettre du cinéma (avec Axelle Ropert, Judith Cahen, Hélène Frappat, Sandrine Rinaldi, Vincent Dieutre, Jean-Charles Fitoussi, tous devenus cinéastes), Serge Bozon réalise son premier film, intitulé L'Amitié, en 1998, qui est immédiatement salué par le cinéaste Jean-Claude Guiguet. Mais c'est Mods (un moyen métrage qui obtient le Prix Léo-Scheer au Festival de Belfort en 2003) qui lui permet d'accéder à une réelle notoriété au sein des milieux cinéphiles : dandysme, hiératisme, art de la rupture de ton, absence de message évident et de psychologie, amour du rock de la fin des années 60, ce film si singulier agace autant qu'il fascine. Son long métrage La France, avec Sylvie Testud, Pascal Greggory et Guillaume Depardieu, obtient le Prix Jean-Vigo en 2007 et est accueilli triomphalement lors de sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs la même année. Tout en revendiquant l'héritage de Fuller ou de Hawks, Bozon y propose une vision personnelle et contemporaine du film de guerre qui a aussi à voir avec le cinéma de Jean-Claude Biette ou de Paul Vecchiali. (...) Ce jeune cinéaste français a par ailleurs une carrière d'acteur (plutôt de seconds rôles) assez importante (on l'a aperçu récemment dans Les Derniers Jours du monde des frères Larrieu et on le verra dans La Famille Wolberg d'Axelle Ropert). Depuis septembre 2009, il collabore aux Cahiers du cinéma.

J.-B. Morain

Rencontre Serge Bozon et Koji Wakamatsu.

Modérateur Olivier Père (les Inrockuptibles)