Cinema
Anselm Kiefer : Image et entropie #2
16 Jan 2016
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En écho à l’exposition Anselm Kiefer (du 16 décembre 2015 au 18 avril 2016), le service de collection des films du Centre Pompidou propose un dialogue entre l’œuvre du célèbre artiste allemand et une sélection de productions cinématographiques contemporaines. Hanté par la place de l’Histoire dans l’Allemagne d’après-guerre, Anselm Kiefer convoque et interroge les éléments épars d’une mémoire collective en prise avec l’entropie pour les redistribuer à travers un ensemble d’œuvres qui semblent partager avec le cinématographe cette nécessité de venir fixer et traduire un réel condamné par l’oubli.
Tourné en studio en à peine plus de vingt jours, Hitler, un film d'Allemagne (1978) déploie à travers sa durée de plus de 7 heures et sa conception polyphonique une extraordinaire liberté formelle. Syberberg y développe les principes d’une esthétique nouvelle qu’il initia précédemment avec Ludwig. Une œuvre d’art totale qui plonge au tréfonds de l’âme allemande, expose ou démonte la « machine de guerre » Hitler et insiste sur sa présence refoulée dans l’Allemagne des années 70. Un film qui mêle acteurs et marionnettes sur fond de diapositives ou de films amateurs dans une atmosphère crépusculaire et dans des décors volontairement aux antipodes de la reconstitution naturaliste. La densité de la bande-son est saisissante : traversée par les extraits de Wagner, elle donne à entendre toute l'esthétisation sonore de la politique nazie, avec un montage d'enregistrements d'actualités, de discours d'Hitler, Himmler ou Goebbels, de cris de foule, de chants militaires, etc. Un long rêve ou un long cauchemar que Syberberg développe sur les décombres de l’Allemagne. Un film hors norme sur un homme hors norme. Un peintre raté sans doute, mais que le cinéaste prend au sérieux pour comprendre la force de séduction des mondes imaginaires qu’il inventa et sur lesquels se cristallisèrent les aspirations de millions de compatriotes. Un film qui évoque la désolation morale de l’Allemagne « nouvelle » qui se serait reconstruite, selon Syberberg, sur la destruction de son identité et de son histoire. « Un des films les plus importants vus depuis longtemps » d’après Serge Daney.
14h00 à 15h35 : Le Graal - 1ère partie, 96 min
15h45 à 18h00 : Un rêve allemand - 2ème partie, 132 min
18h45 à 20h20 : La Fin du conte d’hiver - 3ème partie, 97 min
20h30 à 22h15 : Nous, les enfants de l’Enfer - 4ème partie, 105 min
Hans Jürgen Syberberg, Hitler, un film d'Allemagne, 1978, 35mm (transféré sur Beta), coul, son, 430 min (vo sous-titrée français)
Remerciements : Hans-Jürgen Syberberg
When
2pm - 10:15pm