Jean Arp

Feuille se reposant, 1959

Les plâtres de Arp vont du « modèle original », noyau directement modelé par le sculpteur et la plupart du temps détruit, « au plâtre d'origine », moulé à partir du premier modèle et tiré à un, deux ou trois exemplaires pour les besoins de la fonte ou de la traduction en marbre. Arrivé en 1925 à Paris, où il fréquente le groupe des surréalistes, Arp s'installe en 1929 dans la maison-atelier de Meudon. Une visite à l'atelier de Brancusi, la même année, serait à l'origine de son retour à la sculpture en ronde-bosse. Mais contrairement au sculpteur roumain, qui a fait de la « taille directe » le sujet et le manifeste de son œuvre, Arp a choisi le « modelage direct » du plâtre. Ce matériau souple et sans résistance permet les transpositions poétiques du rêve et de l'inconscient, à travers la variation des apparences.

Arp poursuit le jeu du hasard de ses premiers reliefs dans la transformation des formes, qui s'enflent ou se creusent sous ses doigts. Feuille se reposant est significative de cette série de sculptures, dont Arp enrichit la succession de mutations nouvelles, supprimant les frontières entre les règnes humain, végétal et minéral, qui s'échangent et se confondent. Feuille se reposant est visible dans le présent accrochage du Musée National d'art moderne, "Le Mouvement des images". Un choix de vingt-et-une sculptures de Jean Arp permet de donner l'aperçu d'un ensemble unique rétabli dans son intégralité - cent quatorze plâtres et trente deux reliefs, saisis par l'administration des Douanes en 1996 pour exportation illicite et inscrits en 2004 sur l'inventaire du Musée, avant leur prochaine mise en dépôt à la Fondation Arp de Clamart, leur lieu d'origine.

Par Marielle Tabart, conservateur au Centre Pompidou / Musée national d'art moderne.