Jacques Rancière

S'il est vrai que le besoin de philosophie constitue la philosophie même, ainsi que le suggère fréquemment Hegel, il se pourrait bien que la vocation des philosophes en dise plus long sur la philosophie que la philosophie elle-même. Pourquoi devient-on philosophe ? Un cycle à la limite de l'autobiographie, de l'autobio-sophie.

Jacques Rancière : La philosophie en déplacement

Certains parfois s'entendent dire par les tenants des sciences positives qu'ils sont malheureusement philosophes et par les tenants de la philosophie qu'ils ne le sont malheureusement pas. Il leur arrive aussi de remarquer que philosophes et savants positifs ne cessent, pour assurer la propriété de leur domaine, d'emprunter des armes chez le voisin. De là naît une singulière attention aux procédures séparant domaines, discours et légitimités. De là naît aussi le désir d'inventer des formes du déplacement philosophique qui rendent récits et arguments à l'égalité de la langue et de la pensée.

Jacques Rancière, né à Alger en 1940, est professeur émérite d'esthétique et politique à l'Université de Paris VIII. Il dirige un séminaire sur la pensée esthétique au Collège International de Philosophie et collabore régulièrement aux "Cahiers du Cinéma" et à "Trafic".

Derniers ouvrages parus : La fable cinématographique (Seuil, 2001), L'inconscient esthétique (Galilée, 2001), Le partage du sensible (La Fabrique, 2000), Aux bords du politique (La Fabrique, 1998).