Georg Baselitz

Le Centre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle présente « Georg Baselitz, dessins 1962-1992 ».

Cette exposition de 42 dessins rend compte de la place privilégiée qu’occupe cette technique particulière dans l’œuvre de Georg Baselitz : un lieu d’invention à partir duquel se développent sa peinture, sa sculpture et sa gravure. Par sa légèreté technique, le dessin lui permet de donner rapidement l’illusion de l’espace. Depuis ses dessins sombres de petits formats du début des années soixante aux derniers grands dessins colorés de 1992, cette exposition, met en évidence une densité picturale nouvelle, tout ensemble aiguë et ample qui est la caractéristique de l’œuvre de Baselitz.

Cette exposition des dessins de Baselitz montre des « héros » en proie à leur environnement – c’est-à-dire nous-mêmes. Tout comme Picasso est célèbre pour avoir mis l’œil de ses modèles à la place de l’oreille, Georg Baselitz l’est pour avoir peint à partir des années soixante ses sujets la tête en bas. […] Le dessin est un mode de représentation de la perception que Baselitz a largement utilisé et qui semble avoir beaucoup contribué à son renversement du sujet au milieu de l’espace du tableau. S’il est inintéressant d’affirmer que ce sont les dessins qui précédent ses tableaux, posés sur une table ils ont en tout cas l’avantage d’être plus faciles à retourner sur eux-mêmes. […] Des entrelacs de 1962 aux grands visages faits de taches rouges sur fond vert d’aujourd’hui, ses dessins permettent une immédiateté de lecture mais laissent un instant transparaître un doute. […] La question ne portant plus depuis longtemps sur le sens de ce qui est regardé, mais sur le sens de qui le regarde.

Fabrice Hergott, CNAC magazine, n°77, 15 septembre - 15 novembre 1993