Debate / Meeting
Exposer : quelle histoire ? !
02 Oct 2004
The event is over
L'art de l'exposition a récemment atteint l' "âge de raison" : il est entré dans une période réflexive, comme le montrent non seulement la multiplication des discours "sur" l'exposition voire leur épistémologisation académique, mais également le fait que l'exposition a tendance à se penser elle-même comme un discours. Cet art en passe de devenir savoir semble s'être sorti de l'illusion que l'exposition pourrait faire histoire, au sens emphatique de ce terme. Avec son innocence épistémologique, l'art de l'exposition semble en effet avoir abandonné les conceptions "historicistes" de l'histoire et de l'histoire de l'art. La critique de l'exposition a même souvent pris la place de l'exposition (associée aux formes de représentations dominantes) de sorte que l'exposition se voit assignée la tâche d'une prise de conscience du spectateur.
« L'art de l'exposition a récemment atteint l'âge de raison : il est entré dans une période réflexive, comme le montrent non seulement la multiplication des discours sur l'exposition voire leur épistémologisation académique, mais également le fait que l'exposition a tendance à se penser elle-même comme un discours. Cet art en passe de devenir savoir semble s'être sorti de l'illusion que l'exposition pourrait faire histoire, au sens emphatique de ce terme. Avec son innocence épistémologique, l'art de l'exposition semble en effet avoir abandonné les conceptions historicistes de l'histoire et de l'histoire de l'art. La critique de l'exposition a même souvent pris la place de l'exposition (associée aux formes de représentations dominantes) de sorte que l'exposition se voit assignée la tâche d'une prise de conscience du spectateur.
Il n'en reste pas moins que l'exposition est un spectacle, qu'exposer consiste à faire à la fois image et événement et que l'exposition participe en ce sens du pouvoir de créer l'illusion d'une actualité, à défaut d'une histoire. Les biennales se multiplient au rythme de la globalisation et font partie constituante de la stratégie économique et diplomatique. Les expositions qui veulent critiquer de l'intérieur le système de l'exposition (d'un point de vue idéologique ou artistique) n'en mettent pas moins en scène quelque chose comme une contre-histoire (l'histoire des vaincus) qui est une manière de réécrire l'histoire.
Par ailleurs, l'exposition expose toujours au moins ce qui lui donne lieu, physiquement et institutionnellement. En étant ainsi exposé, même implicitement ou inconsciemment, cet espace concret et symbolique réfléchit son histoire, la réécrit, se re-raconte et entraîne l'exposition dans cette histoire locale, éphémère, plus ou moins sue et énoncée, mais toujours fantasmée par ceux qui se voient en dépositaires du lieu. Si l'on s'en tient enfin à la seule matérialité de l'exposition, elle implique la mise en place d'un espace-temps orienté, fût-ce sous la forme du dédale et du vertige, et la possibilité d'un récit intérieur du spectateur. Telle est en effet la condition pour qu'elle puisse faire expérience, devenir mémorable et mériter attention.
Toutes ces indications quant la manière qu'a l'exposition de faire histoire omettent peut-être l'essentiel : que depuis sa conception jusqu'à sa réception, l'exposition suppose une multiplicité d'acteurs, qui ont à la fois des objectifs et des attentes lesquels sont en rapport variable avec l'objet de l'exposition. Ce jeu de rôles est l'occasion d'un roman malheureusement peu raconté alors qu'il infléchit notablement le cours de la réalisation et la charge affective du résultat.
En l'absence désormais de grand récit, l'exposition ne se conçoit donc pas sans récits dont cette journée d'études et de débats aimerait entreprendre la collecte. »
PROGRAMME :
Introduction : Catherine Perret
Jean-Philippe Antoine, « Spectacle ou exposition des strates »
Philosophe et artiste
Christian Bernard, « Faire hommage »
Fondateur et directeur du Mamco (Musée d'art moderne et contemporain de Genève)
Elvan Zabunyan, « Penser du dehors. Localisation et identité de l'exposition dans la culture dominante »
Historienne de l'art contemporain, critique d'art et commissaire d'exposition
Catherine David, « Exposer, Informer, Produire »
Conservateur en chef des musées nationaux, Rudolf Arnheim guest professor Humboldt University Berlin.
Eric de Chassey, « L'exposition comme pratique social-démocrate »
Professeur d'histoire de l'art contemporain, commissaire d'exposition
Eric Troncy, « L'exposition comme langage »
Co-directeur du Consortium de Dijon, critique d'art et commissaire d'exposition
Eric Lapierre, « Le musée : outil ou œuvre d'art ? »
Architecte, critique d'architecture et historien
Valérie Mavridorakis, « The Atrocity Exhibition, écrite et réalisée par J.G. Ballard »
Historienne de l'art, maître de conférences (Université Rennes 2)
Vincent Pecoil, « La lettre volée »
Professeur d'histoire de l'art, commissaire d'exposition
Chris Dercon, « Mon beau souci »
Directeur Haus der Kunst Munich
Christian Besson, « Les personnages de l'exposition »
Historien d'art
When
10am - 10pm