Jean-Yves Jouannais : L'Encyclopédie des guerres

De « Choir » à « Climatologie », en passant, entre autres, par les entrées « Cirque », « Clairon ».
Sixième conférence-performance.

« Je reprends la lecture de mon Encyclopédie des guerres là où je l'ai laissée à l'issue de la sixième conférence-performance. Cet ouvrage qui compte aujourd'hui plus de deux cent cinquante entrées, je continue de le lire tout en le commentant, en le critiquant, en l'amendant. Je me permets de gloser par intermittence, au gré des citations comme des images projetées. Et je me rends compte que cette écriture n'a finalement pas grand-chose d'une encyclopédie. Qu'il s'agit plus exactement de 'miscellanées', à savoir un mélange de littératures variées, un recueil bigarré de citations, genre littéraire sans pedigree pourrait-on dire. Ces extraits, classés par ordre alphabétique, sont glanés dans une bibliothèque à la Bouvard et Pécuchet que je constitue progressivement, bibliothèque regroupant tous les livres possibles et imaginables sur les guerres depuis l'Iliade jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Ce qui se confirme par ailleurs, c'est que la guerre ne m'intéresse pas. L'épigraphe choisie par Malaparte en exergue de son récit de guerre La Peau est une phrase de Paul Valéry: 'Ce qui m'intéresse n'est pas toujours ce qui m'importe.' Tout est évidence au fil de cette formule. À ceci près qu'elle se trouve être plus excitante, plus convaincante, un peu au-delà de sa logique relativiste lorsqu'elle tend à signifier que rien ne nous importe de ce qui nous intéresse. Avoir de l'intérêt pour quelque chose est une posture qui finit par lasser. Comme s'il devait y avoir un intéressement au fait de s'intéresser, un calcul à plus ou moins long terme qui corrompt ce que l'on entend par curiosité. La guerre n'est pas intéressante, elle énerve, elle travaille les nerfs. C'est un sujet qui épuise et agresse, jamais ne nourrit ni ne donne satisfaction. »
Jean-Yves Jouannais