Exhibition / Museum
Nouvelles tendances
Les avant-gardes de la fin du XXe siècle
15 Apr - 7 Sep 1987
The event is over
Cette exposition s’inscrit dans la célébration du dixième anniversaire du Centre Georges Pompidou.
Avec l’intention de mettre en évidence des courants susceptibles de se développer dans les années à venir, le Cci a choisi l’exemple de l’habitat face à son développement artistique, technologique et social.
Ainsi a-t-il confié à huit créateurs de réputation internationale, la mission de projeter des environnements qui, s’inscrivant dans le champ des recherches actuelles, anticipent l’expression stylistique de l’an 2000 et situent la place des outils technologiques susceptibles d’induire une nouvelle manière de vivre.
Les huit environnements réalisés à partir de ces projets sont présentés.
Ron Arad
Il représente à la fois le mouvement High-Tech, le « Ruinisme » et la volonté de non-répétition des formes, dans une création qui s’oppose à la fabrication de séries.
Son environnement montre une grosse machine pour démolir les vieux objets, les vieilles chaises en particulier afin de provoquer le besoin de créations nouvelles. Elle est constituée d’un puissant broyeur-compacteur précédé d’un convoyeur des objets sacrifiés. A la sortie, les restes sont transportés dans des casiers métalliques où ils sont rangés comme au musée ou…au cimetière. Les visiteurs sont invités à apporter leurs brocanteries pour profiter du spectacle libérateur.
Paolo Deganello
Il perpétue le Radical Design et crée des objets multifonctionnels et polymorphes dans un esprit de conciliation de l’individuel et du collectif.
Son environnement est composé de deux territoires séparés : le privé et le public.
Le territoire privé assure l’intimité subjective, un certain confort des lignes et matériaux des objets environnants, symbolisé par des luminaires à pieds en marbre.
A l’opposé, de l’autre côté du mur séparateur, l’espace de vie public est surmonté d’un puissant portique d’où descend le réseau de tubes en verre transportant des fluides et des lumières vers le sol couvert de matériaux forts : terre, pierre, marbre, et hérissé de tiges en verre.
Dans ce monde règne un fauteuil aux formes complexes qui intègre une lampe, un porte-revues, un support avec ordinateur et une tête noire symbolique.
Un poème d’Alberto Magnaghi est inscrit sur la grande dalle centrale en marbre noir et blanc.
Alessandro Mendini
Théoricien et initiateur du Nouveau Design, il dénonce la banalisation de l’objet produit industriellement et prône le retour au décor en s’inspirant des recherches des avant-gardes passées. Il rêve de promouvoir dans notre monde « cybernétique » une nouvelle forme d’artisanat.
Son environnement met en scène un vaste lieu délimité par une enceinte octogonale. Sur les murs, sept grands panneaux en bois laqué peints figure un jeu esthétique neutre et sans message.
Devant ces panneaux, des petits meubles peints entourent de grands tapis. Un important fauteuil trône au-dessus d’une collection de petits sièges qui complètent ce « témoignage existentiel » du créateur.
Philippe Starck
Il concilie son invention créative avec un souci de satisfaire la valeur économique du design en se faisant accepter par un très large public, puisque « le Design fait vendre ». Il utilise pour ce faire les moyens de la production en série des meubles et objets de la vie quotidienne, envisageant l’originalité de la pièce unique dans la globalité de la mise en espace de magasins, centres commerciaux, restaurants, clubs, boîtes de nuit, salles de conférence, etc.
Son environnement ne propose ici que le « signe », sans créer de produits : deux têtes rondes reliées entre elles, l’une qui pleure, l’autre qui rit. Ainsi le banal devient populaire, pédagogique, à tendance mystique.
Sur un tas de terre, flotte un très grand drapeau rouge portant le « signe » brodé d’or, symbole sur symbole. De gros ventilateurs assurent le flottement permanent du drapeau et produisent le bruit du vent qui, avec l’éclairage, crée un effet dramatique. Au bout du tas de terre, se dresse une cabane en tôle d’aspect usagé, portant un écriteau : « signes à vendre ». C’est la boutique qui vend le « signe » imprimé sur des supports variés : tee-shirts, sweet-shirts, pantoufles, porte-clés, carrés de soie, stylos, sacs à dos, etc.
Jan Kaplicky et David Nixon
Ils actualisent les méthodes de préfabrication du bâtiment, appliquent les techniques aérospatiales de pointe à la conception de l’environnement quotidien.
Leur environnement est constitué d’un habitat enterré ou semi-enterré, dont l’implantation préserve le contexte culturel et historique, naturel et topographique. De forme circulaire, c’est un anneau (dit « Dougnut house ») bâti autour d’un patio central à ciel ouvert. Les sections sont les pièces habitables donnant sur le jardin central à travers une paroi vitrée.
Un éclairage naturel, zénithal est prévu pour chaque pièce et un miroir pivotant en bordure supérieure du patio capte la lumière solaire et la distribue dans les pièces orientées au nord. Il s’agit d’une application des technologies de la construction aérospatiale. La structure est en aluminium, verre et matériaux composites.
L’exposition présente une coupe grandeur nature de cet habitat, avec une table et une chaise longue.
La table a été commandée par la NASA pour équiper le vaisseau spatial « Spacelab » en 1991. Elle est adaptable aux besoins de travail, de repas et de loisirs pour huit personnes. Elle peut être équipée de machines et appareils et permet la vie en apesanteur.
La chaise-longue, légère et montée sur deux roues, est mobile. Sa structure en aluminium est recouverte de caoutchouc mousse à surface plastifiée lavable. Elle est conçue pour une fabrication en grande série.
Toshiyuki Kita
Elle relie la tradition japonaise à un design international de haute qualité en s’orientant vers la conception de l’environnement télématique d’un lieu qui reste néanmoins dévolu à la méditation.
Son environnement est constitué de deux espaces :
- le premier, nu, s’inscrit dans un cube de 2 mètres de côté, matérialisé par ses arêtes et bâti autour de deux tatamis. Il évoque l’espace japonais traditionnel, propre à la méditation solitaire.
- le second est un grand volume parallélépipédique ouvert, limité par des arêtes métalliques. Sur chacun des côtés, se trouvent, un étroit panneau animé par des plaques à luminescence variable selon un rythme respiratoire et un grand nombre de petits écrans de télévision à cristaux liquides. A l’intérieur de cet espace, un écran encastré dans un rocher posé à terre émet des images qui se répercutent à l’extérieur sur la multitude des petits écrans « échos ».
Devant le rocher, au milieu de l’espace nu, trône un canapé-fauteuil où l’on peut méditer à l’écoute des images du monde.
Javier Mariscal
Connu pour ses illustrations et ses bandes dessinées, il aborde la conception de l’environnement quotidien par le biais du pastiche et de l’humour. Il envisage en particulier, dans un même objet, meuble par exemple, des convergences de fonctions en en acceptant d’avance la plus totale incongruité.
Son environnement présente une collection de meubles mis en scène comme des personnages d’une bande dessinée, jouant une comédie de formes inspirées par le mélange de styles, de couleurs, de matériaux, de fonctions, de mémoire et d’innovation combinées.
Parmi ces meubles on peut voir :
- un immense tapis de laine rouge représentant une scène de chasse à la manière persane ;
- une Chaise-longue de 2 mètres en cuir et tissu ;
- un meuble, Cheminée, sur roulettes, sur lequel est construite une grotte en aluminium noir contenant un poste de télévision. A son côté s’élève une colonne en aluminium et bois noir constituant un meuble multiple : bar, Hi-Fi, horloge digitale, luminaire. Il ressemble à une ancienne cheminée. ;
- un fauteuil, Week-End, de style baroque XVIIIème siècle, en acajou et fer oxydé, avec tablette, autoradio, haut-parleurs, bar incorporé, « équipement suffisant pour passer une semaine dans ce fauteuil » ;
- une petite chaise, Biscuter, très basse, en acier inoxydable, chromé, à dossier peint et plastifié de noir ;
- une chaise, Tio Pepe, en acier inoxydable, ayant la forme de cette fameuse bouteille de Xérès dont elle porte le nom ;
- une chaise, Miki Mouse, en cuir noir et peau de mouton, la structure est métallique ;
- une chaise-table, Secrétaire-tout-à-fait, sur roulettes, en bois contre-plaqué et métal, le siège est tapissé ;
- une chaise-longue, Lecture revues-journaux, sur roulettes, en aluminium, son dossier tapissé est énorme et son assise en bois ;
- une, Chaise-librairie, l’étagère à livres est intégrée à la chaise, d’où la difficulté apparente de s’en extraire.
Chacun de ces créateurs est aujourd’hui porteur de courants qui remettent en cause les valeurs acquises du XXème siècle.
Complétant l’exposition, un audiovisuel permet au public de prendre connaissance des propositions « avant-gardistes » qui, dans les vingt dernières années, ont concerné l’évolution d’un cadre de vie lié aux recherches du design post-fonctionnaliste mais également à l’introduction de nouveaux objets issus des technologies de pointe.
Conjointement, la manifestation Ma maison en l’an 2000 avec et à l’Atelier des Enfants, où sept grands créateurs internationaux ont été invités à exprimer leur vision de l’habitat du futur, fait écho à Nouvelles tendances.
Les 14, 15 et 16 avril 1987 un colloque international, sous la direction d’Umberto Eco sur le thème de la Mutation des Styles, est organisé par le Cci et la société Montedison.
D'après le dossier de presse
When
every days except tuesdays