Séance spéciale « Filmer la ville »

« Cette séance met en évidence la richesse du cinéma iranien vis-à-vis des questions urbaines, aussi bien avant la Révolution, avec Téhéran, capitale de l’Iran et Quartier de femmes (1966) de Kamran Shirdel, qu’après, avec le premier film de la réalisatrice Rakhshan Banietemad, Centralisation (1986). Shirdel répond à des commandes d’associations caritatives quand Banietemad travaille avec la télévision nationale et la municipalité de Téhéran. Ces deux réalisateurs, à côté de bien d’autres, mobilisent les puissances du cinéma comme intelligence des phénomènes sociaux. » Agnès Devictor.

Rakhshan Banietemad, Centralisation, Iran, 1986, fichier numérique, 34’, coul, vostf.
Dans les années qui ont suivi la Révolution de 1979, les villes et les campagnes iraniennes ont continué l’exode massif de leurs populations vers Téhéran. Comme toutes les capitales des pays dont les structures économiques et politiques sont centralisées, Téhéran est davantage équipée, mais l’émigration incontrôlée a provoqué nombre de disfonctionnements.

Kamran Shidel, Quartier de femmes, Iran, 1966, 35 mm, 18’, n&b, vostf
Commandé par une association de soutien aux femmes, ce film parle de la vie douloureuse des prostituées du quartier de Qaleh de Téhéran. Le film ayant été confisqué dès le début du tournage, Shirdel filme les photos prises par le photographe Kaveh Golestan et y ajoute sa bande-son. 

Kamran Shidel, Téhéran, capitale de l'Iran, Iran, 1966, 35 mm, 18’, n&b, vostf
Avec ce film de commande, Shirdel explore les bas-fonds de Téhéran, et met en décalage le discours officiel de l’Iran du Shah sur une capitale puissante et riche avec les images du quotidien des plus démunis. Au moyen de sa caméra légère, il donne à voir ici une image de l’Iran longtemps occultée des écrans de cinéma.


Séance présentée par Agnès Devictor et Mina Saidi Sharouz, architecte et cinéaste. Enseignante à l’ENSAPLV et membre du Laboratoire Architecture et Anthropologie (LAVVE-CNRS)