Sylvie Lindeperg

On sait quel fut et demeure le rôle du film d'Alain Resnais Nuit et Brouillard dans la prise de conscience et dans la mémoire du génocide. Ce film est également, au sens fort du terme, un lieu de mémoire. Sylvie Lindeperg étudie sa genèse, sa fabrication, ses usages et ses migrations dans l'espace et dans le temps à travers ses réappropriations, ses réinterprétations mais aussi ses traductions et ses remontages dans divers pays. L'historienne se livre ainsi à un exercice original de «micro-histoire» qui joue sur les changements d'échelle et l'imbrication des récits produits sur le film et ses images. Son étude de Nuit et Brouillard constitue la première monographie totale de ce court-métrage qui conjugue histoire économique, sociale, politique, diplomatique et se prolonge par celle de la mémoire de l'oeuvre.

L'étude du film d'Alain Resnais, de ce corps à corps entre l'événement, l'art et l'archive, l'a conduit à poser de nouveaux jalons d'une histoire encore en devenir : celle des regards, des demandes sociales et symboliques adressées aux images, qui témoignent des évolutions de l'univers mental et de l'imaginaire depuis 1956.

Elle franchit un nouveau seuil dans une démarche précieuse et singulière qu'elle a en particulier développée dans deux ouvrages : Les écrans de l'ombre. La seconde guerre mondiale dans le cinéma français (1944-1969) et Clio de cinq à sept. Les actualités filmées de la Libération.

L'historien Pierre Laborie accompagnera cette réflexion.

Le film d'Alain Resnais Nuit et Brouillard sera projeté à l'issue des débats.

À l'occasion de la publication en 2007 de Nuit et Brouillard. Un film dans l'histoire de Sylvie Lindeperg (éd. Odile Jacob).