Le seuil du verbe

Speakings de Jonathan Harvey, dont c'est ici la création, et L'Icône paradoxale de Gérard Grisey incarnent chacune le rêve sonore d'un « orchestre parlant ».

Grisey déchiffre la Madonna del parto de Piero della Francesca, « à la fois chrétienne et païenne, ardente et paisible, vierge et déesse matriarcale, archétype de la naissance et de l'interrogation ». Du sonagramme du nom du peintre surgira une orchestration singulière, s'entourant de la présence de deux voix de femme, les anges symétriques du tableau. « Un espace s'ouvre sur un espace qui s'entrouvre : l'infini est suggéré », Gérard Grisey sur la Madonna del Parto de Piero della Francesca.

Comment tendre vers la parole ou le chant par des moyens purement instrumentaux ?

Jonathan Harvey réalise à son tour ce défi, par le biais de l'informatique et d'une orchestration approchant sa cible vocale. Tout à l'opposé des échelles de Grisey organisant la profondeur temporelle, c'est la conception d'un écran du temps qui anime l'art d'Elliott Carter, sur lequel se projettent des mondes contradictoires aux vitesses multiples. À près de cent ans, le compositeur américain accomplit l'essence même du dialogue et de la discursivité en musique.

Dans le cadre de l'exposition « Traces du sacré » au Centre Pompidou

Susan Narucki soprano

Lani Poulson mezzo-soprano

Marc Coppey violoncelle

Orchestre philharmonique de Radio France

Direction Pascal Rophé

Réalisation informatique musicale Ircam Gilbert Nouno, Arshia Cont

Jonathan Harvey Speakings, commande de la BBC de Glasgow, de l'Ircam-Centre Pompidou et de Radio France, Création mondiale

Elliott Carter Concerto pour violoncelle

Gérard Grisey L'Icône paradoxale

Coproduction Cité de la musique, Ircam-Centre Pompidou, Radio France.