Jean-Hubert Martin : l'art au large

Jean-Hubert Martin n'a cessé d'exercer dans le monde de l'art et des musées les responsabilités les plus importantes.

Directeur de la Kunsthalle de Berne, du Musée national d'art moderne, du Musée national des arts d'Afrique et d'Océanie, il est aujourd'hui directeur du Museum Kunst Palast de Düsseldorf.

Cependant, la liste des fonctions qu'il a occupées, aussi prestigieuses soient elles, ne permet pas de cerner vraiment le rôle qui est le sien et les combats qu'il a mené pour faire en sorte que les créations contemporaines issues de cultures non occidentales prennent pied dans les grandes institutions et qu'ainsi soit ébranlé ce qu'on pourrait appeler une forme d'apartheid culturel.

En 1989, Jean-Hubert Martin présentait donc, au Centre Pompidou, Magiciens de la Terre, manifestation en quelque sorte inaugurale, où pour la première fois "une exposition osait mettre en présence des créations issues de culture complètement différentes". Il prolonge cette démarche en présentant en juin 2000, dans le cadre de la 5e biennale d'art contemporain de Lyon, Partages d'exotisme, qui cette fois met davantage l'accent sur l'idée de la rencontre et sur la possibilité de " faire dialoguer des artistes provenant de contextes complètement différents ".

En 2001, l'ouverture du musée de Düsseldorf offre à son directeur l'occasion de remettre en cause une fois encore les cloisonnements traditionnels, en mettant cette fois, en rapport des œuvres appartenant à diverses époques. Si l'objet est ici bien différent, on reconnaîtra néanmoins une parenté dans la démarche qui, à chaque fois, met en question une certaine conception de la modernité et conduit à s'interroger sur ce qui nous est contemporain.