Debate / Meeting
Architectures non standard
11 Dec 2003
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Il y a ce qui relève du constat, de l'évidence. Le numérique qui investit l'architecture, l'emploi des logiciels de représentation qui se généralise. Est-on dans l'ordre du " il faut que tout change pour que tout reste comme avant " ou dans un bouleversement radical de l'architecture qui remettrait en cause sa définition et ses frontières ?
Il y a ce qui relève du constat, de l'évidence. Le numérique qui investit l'architecture, l'emploi des logiciels de représentation qui se généralise. Ce qui fait débat, c'est le point de vue sur ce qui se passe, sur ce qui advient. Est-on dans l'ordre du " il faut que tout change pour que tout reste comme avant " ou dans un bouleversement radical de l'architecture qui remettrait en cause sa définition et ses frontières ?
L'exposition Architectures non standard choisit l'hypothèse forte. Elle oblige donc au débat. Elle réunit 12 équipes internationales d'architectes qui ont développé depuis plusieurs années une recherche et une mise en application des outils numérique, de la computation, tout aussi bien pour la conception que pour la production ou la distribution de l'architecture. Conception, production, distribution, ce sont les frontières qui se dissolvent, les notions qui se métamorphosent, l'ordre de succession dans le temps qui se défait. Dès lors l'architecture est saisie par des principes d'interrelations, de variabilité et de simultanéité à toutes les étapes de sa mise en œuvre.
Mais à quoi renvoie donc " non standard " ? D'abord légitimement à l'univers des mathématiques, aux percées théoriques décisives (elles mêmes non standard) qui auront ouvert la voie tant à l'intelligence artificielle qu'à la théorie des fractales ou des catastrophes. Mais non-standard s'oppose aussi avec plus d'évidence à standard, c'est à dire à ce qui fut tout à la fois le mythe, le fantasme et l'écueil de l'architecture moderne qui fit de l'imposition de la norme, le prix à payer pour accéder au confort, à l'espace à l'hygiène minimum, un prix devenu justement impossible à évaluer.
Vraie opposition, mais aussi fausse évidence puisque l'architecture moderne ne se laisse pas réduire à cette norme qui lui sert à la fois de slogan et de caricature. Loin de communier unanimement dans le culte de l'angle droit, on voit les meilleurs de ses représentants piocher allégrement dans l'inventaire des formes (lignes, hélicoïdales, rubans, empreintes, coques). Les architectures non standard s'inscrivent dans une histoire qu'elles nous restituent en redonnant place et sens à des propositions étouffées à la fois par la vulgate moderne et par les seuils technologiques du moment. Evidence banalisée également, si l'on s'en tient à une version faible du non standard, c'est à dire à la possibilité de diverses variations autour d'une norme préétablie.
L'enjeu pour les architectures non-standard est bien de nous conduire vers une aporie autrement radicale : la généralisation du singulier, dans un nouvel ordre qui serait celui du non standard. Mais faut-il prendre au sérieux cet individualisme lourd et riche de nouvelles responsabilités qui serait la marque emblématique de nos sociétés au 21e siècle ? Ne faut-il pas y voir plutôt, d'infimes variations autour d'une norme de plus en plus écrasante ? Bref, le social est-il, sera-t-il au rendez-vous de la morphogenèse ?
When
11:30am - 7:30pm