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L'aventure de la couleur
Œuvres phares du Centre Pompidou - Centre Pompidou-Metz
24 Feb 2018 - 22 Jul 2019
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« D’abord, il n’y a rien, ensuite un rien profond, puis une profondeur bleue. » Les mots de Gaston Bachelard dans L’Air et les Songes résonnent avec les œuvres phares choisies dans la collection du Centre Pompidou et présentées dans cette exposition inédite, consacrée à la persistance de la couleur dans l’histoire de l’art moderne et contemporain.
Du Bleu de Ciel de Kandinsky démontrant que « la couleur recèle une force encore mal connue mais réelle, évidente, qui agit sur tout le corps humain » à l’environnement immersif Pier and Ocean de François Morellet invitant à accoster sur un îlot de néons bleutés, certaines œuvres mènent à une expérience sensible de la couleur. En 1810, explorant dans sa Théorie des couleurs les mécanismes optiques et physiologiques qui fondent le spectre chromatique, Goethe anticipait un affranchissement par la couleur pure et le monochrome. Cette aventure de la couleur provoquerait la conscience de l’universalité et de l’harmonie de l’homme avec l’unité fondamentale des choses.
Pour Matisse, la couleur est une libération. Ses papiers découpés une jubilation rythmique qui transparaît jusque dans les recherches plastiques de Jean Dewasne, Simon Hantaï et Bridget Riley. Yves Klein engagé – dès 1946 – dans son Aventure monochrome envisage la couleur comme un champ d’énergie, générant des espaces psychologiques. Il confie que « les couleurs sont des êtres vivants, des individus très évolués qui s’intègrent à nous, comme à tout. Les couleurs sont les véritables habitants de l’espace ». Sam Francis prolonge cette recherche alchimiste sur la couleur ; il rend perceptibles les mécanismes de la psyché générant images et rêves. Avec les énergies du pop art et du nouveau réalisme, la couleur s’affranchit. Elle devient pulsation, célèbre le réel. « Ce qui m’intéresse c’est la profusion colorée de l’article en série » affirme le Français Martial Raysse « les Prisunic sont les musées de l’art moderne ». Avec America, America, il troque le pinceau pour le néon : une « couleur vivante, une couleur par-delà la couleur ». Les artistes américains du hard edge et minimal art s’engagent dans une réduction des composants de l’œuvre : la couleur est cadrée, normée, élémentarisée en nuanciers industriels. Pour Donald Judd et Ellsworth Kelly, l’œuvre doit provoquer une sensation visuelle immédiate, compréhensible. Elle ne doit référer à rien d’autre qu’elle-même. Sa forme, son matériau, sa couleur poussent jusqu’à l’extrême la logique des papiers découpés de Matisse. Devenus champs colorés, ils interagissent avec l’espace et le spectateur poursuivant la quête d’Yves Klein. Derrière cette ascèse, tapie dans la radicalité de la monochromie, le talent de la couleur pour réveiller l’émotion et les rêves sommeille. Le blanc dans la peinture de Robert Ryman, avec ses variations infinies, devient un moyen d’exposer d’autres éléments de la peinture, « permet à d’autres choses d’advenir ».
When
10am - 6pm, every days except tuesdays
Where
Centre Pompidou-Metz, Metz