Cinema
Spiritismes
Une proposition de Guy Maddin / Un Nouveau festival
22 Feb - 12 Mar 2012
The event is over
Guy Maddin invite chaque jour les visiteurs du Centre Pompidou à assister au tournage d'un film inédit, dont le scénario est inspiré d'un film perdu, réalisé par de grands noms de l'histoire du cinéma, Vigo, Lubitsch, Mizoguchi, von Stroheim, Naruse. Leurs disparitions peinent Guy Maddin autant qu'elles le hantent. Il convoque l'esprit errant de ces films-fantômes lors de « séances de spiritisme » charlatanesques et performatives.
Guy Maddin invite chaque jour les visiteurs du Centre Pompidou à assister au tournage d’un film inédit, dont le scénario est inspiré d’un film perdu, réalisé par de grands noms de l’histoire du cinéma, Vigo, Lubitsch, Mizoguchi, von Stroheim, Naruse.
Leurs disparitions peinent Guy Maddin autant qu’elles le hantent. Il convoque l’esprit errant de ces films-fantômes lors de « séances de spiritisme » charlatanesques et performatives.
Devenu grand médium, le cinéaste canadien entraîne ses comédiens dans une transe paranormale captée pour une retransmission en direct sur spiritismes.centrepompidou.fr
Avec notamment : Mathieu Amalric, Rudy Andriamimarinosy, Jacques Bonnaffé, Amira Casar, Géraldine Chaplin, Miguel Cueva, Mathieu Demy, Jeanne de France, Adèle Haenel, Udo Kier, Ariane Labed, Elina Löwensohn, Maria de Medeiros, Jacques Nolot, Christophe Paou, Jean-Baptiste Phou, Charlotte Rampling, Jean-François Stévenin, Robinson Stévenin, André Wilms, …
3 QUESTIONS à GUY MADDIN
Propos recueillis par Amélie Galli
- Comment est né ce projet, titanesque, de tourner un court métrage par jour, 17 au total, au Centre Pompidou ?
Ce projet fait son chemin dans ma tête depuis presque vingt ans. Pendant toutes ces années, il a remué mon cœur et même mon âme, jusqu’à ce que je sois moi-même possédé ! J’ai appris qu’il existe des films perdus. Des films magnifiques, réalisés depuis très longtemps, généralement muets, des films appréciés, glorifiés, adorés, élevés au rang de mythes par des millions de spectateurs, dont certains jusqu’à l’obsession. Des films qui, pourtant, agonisent dans l’oubli. Depuis que j’ai compris cela, je suis littéralement hanté. Certains de ces films ont été détruits par les studios, simplement parce que ces derniers avaient besoin d’étagères, certains ont été jetés à la mer ou brûlés dans un feu de joie lors de pique-niques champêtres. D’autres ont été réduits en poussières parce qu’ils étaient mal conservés, d’autres encore ont péri dans les flammes lors d’un accident de projection. Certains de ces films ont simplement disparu de l’Histoire. Ce sont là des films qui n’ont pas de demeure finale, des films incapables d’être projetés à leur public, des récits malheureux condamnés à errer éternellement dans le paysage de l’histoire du cinéma. C’est le fait de ne pas pouvoir les voir, qui me hante, parce qu’ils ont tous été faits pour cela ! Je ressens leur douloureuse errance dès que je vais au cinéma, particulièrement dans de vieux cinémas. Oui, ces films m’attristent autant qu’ils m’intriguent. Je me suis dit que la seule façon de rétablir une situation aussi mélancolique était d’organiser des séances de spiritisme afin de contacter ces âmes désespérées et de leur donner la chance de montrer à nouveau une part d’elles-mêmes, même infime. J’ai décidé de mettre en place un dispositif dans lequel nous pourrions tous assister à ces séances de spiritisme et peut-être, si nous avons de la chance, jeter un œil à ces gloires passées du cinéma. J’ai décidé que les comédiens seraient les médiums de cette sorte de spiritisme inédite et qu’ils feraient appel à ces récits trop longtemps oubliés, construiraient leurs propres chemins à travers les histoires et les dialogues déformés, incarneraient le désir longtemps réprimé de ces films hantés. Peut-être alors pourrons-nous voir à nouveau ces ectoplasmes lumineux projetés naguère avec tant de succès !
- A quoi ressemblera une de vos séances de spiritisme ?
Chaque matin, à l’ouverture du Centre Pompidou, je réunirai mes acteurs autour de la table du salon de spiritisme et je les ferai entrer en transe. Nous contacterons l’esprit du film perdu retenu ce jour-là et nous verrons les acteurs, un par un, devenir lentement possédés par son histoire. Répondant par leurs jeux aux injonctions de cette histoire oubliée, les comédiens chercheront à tâtons à en dénouer les fils, jusqu’à s’abandonner à elle. Au final, tous seront comme des acteurs employés sur un film d’un autre âge, dans un autre pays. Ils se déplaceront avec de plus en plus de conviction, réplique après réplique, scène après scène, jusqu’à ce que le film perdu soit laissé satisfait, accompli et épuisé. Mon travail sera de filmer ce que le film perdu ordonne aux acteurs de faire, j’obtiendrai ainsi, à chaque fin de journée, ma propre version de cette œuvre oubliée. À ce moment-là, je réveillerai mes acteurs, je les paierai et je les renverrai chez eux.
- Comme dans votre dernier film, « Ulysse, souviens-toi ! », en salles le 22 février prochain, Spiritismes est occupé par les fantômes, peuplé d’esprits. Comment vivez-vous avec eux ?
Il me semble que chaque souvenir est un fantôme. J’aime mes fantômes ! Ils me sont nécessaires pour rester humain, pour être heureux.
En partenariat avec Manitoba Film and Music, National Film Board of Canada, Telefilm Canada
Avec le soutien du Centre Culturel Canadien
When
11am - 9pm, every days except tuesdays