Cinema
Peter Watkins
Edvard Munch
13 Jan 2005
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Rendez-vous avec Peter Watkins
« Disons-le tout de suite, son Edvard Munch est un chef-d'œuvre comme on en a rarement vu. C'est un portrait profondément émouvant, profondément complexe, profondément ressenti de l'un des plus grands peintres contemporains. Mais le film est plus encore que cela. Le film entier semble peint par Munch, à la limite le film dépasserait son sujet, deviendrait une analyse de la création, la biographie d'une génération. Car c'est au processus de création que Watkins se donne. La sensibilité, le profond chaos affectif et émotionnel, devant ses propres angoisses, ses peurs, ses désirs, vouloir atteindre les autres par l'amour, tant sensuel que spirituel. Sa liaison avec une femme mariée traduit particulièrement cette dualité en un tableau qui date de 1893, Le Vampire, mélange de sensualité et d'angoisse, où une femme se penche sur le cou d'un homme. Par le détail sensuel de la création, le bruit du pinceau sur la toile, la griffure rageuse d'un couteau, la pointe du manche d'un pinceau qui racle furieusement une peinture fraîche au point de la taillader, sinon de l'écarteler, par la récurrence brutale d'images de mort, de maladie, de tuberculose, de tel ou tel épisode, de telle ou telle sensation, Watkins nous fait devenir Munch. On en sort épuisé, mais enrichi. D'autant que le travail de Peter Watkins sur ses acteurs (Geir Wetsby et Gro Fraas), avec son directeur de photo Odd Geir Saether, et surtout, surtout son montage - d'une habileté diabolique - est hors pair. C'est une expérience, presque un rituel. Au début de la projection, j'ai senti une sorte de transformation physique, intérieure, comme une certaine torpeur, comme si je passais dans un état second. J'ai craint de m'endormir. Au contraire. C'est le cas me dit-on pour le théâtre japonais, Edvard Munch vous conduit à un autre étage de la perception, comme si l'on traversait une matière, un élément, vers un autre soi au-delà de soi. Ça ne m'était jamais arrivé. Tous ceux qui ont vu le film ont ressenti exactement la même chose. »
Edvard Munch, La Danse de la vie, Henri Béhar, « Image et Son », n° 312, déc. 1976)
Edvard Munch de Peter Watkins
Suède-Norvège / 1973 / 165' / coul.
Une biographie très subjective des jeunes années du peintre norvégien expressionniste Edvard Munch, aux prises avec les conventions de la société puritaine de son temps. Un film considéré par beaucoup comme la meilleure œuvre jamais consacrée à l'acte créatif et à la peinture (« un travail de génie » selon Igmar Bergman). À travers un montage audacieux qui revisite les techniques documentaires et narratives, Edvard Munch est un « cri » personnel autant qu'un portrait de l'artiste et de son milieu.
En avant-première de la réédition en salle.
Remerciements :
Peter Watkins, Patrick Watkins, Caroline Lensing-Hebben, Samantha Lavergnolle, Jean-Jacques Rue et Co-errances.
When
From 8pm