Peter Stampfli

Cette exposition est consacrée à l’artiste suisse, Peter Stampfli.

Après avoir peint des voitures, puis des roues, Stampfli peint des pneus et leurs traces. On parle, à son sujet, d’aventure routière, d’effet zoom. On évoque une dématérialisation progressive ; on prononce – avec réticence – les mots d’abstraction et/ou de figuration ; on ne manque pas de mettre en relation la nationalité suisse de Stampfli et le fini, le « léché », la propreté d’une peinture fascinée par la machine. On fait référence à Léger, et aussi au Pop art ; on pense également à Frank Stella et au « shaped canvas », autrement dit à la coïncidence exacte de l’objet représenté et de la forme du cadre.

[…]

L’ensemble exposé ici reflète la structure globale de l’œuvre de Stampfli, structure reprise dans celle de chacune des toiles. A tous les niveaux de lecture, ce que l’on rencontre, c’est le jeu de l’unique et du fragmentaire, et en particulier, ces neuf toiles constituent un tout. Pour Stampfli, faire une exposition, ce n’est pas choisir quelques toiles dans son atelier et les accrocher les unes à côté des autres ; c’est au contraire produire un ensemble en fonction d’un lieu et d’un moment.

A la limite, les neuf toiles sont indissociables les unes des autres et de la salle qui les contient. Leurs dimensions (environ 2m de haut et plus de 6m de long) ont été déterminées pour s’accorder avec cet espace – et d’ailleurs, il n’y a presque pas de vide entre les toiles. On ne passe pas, ici, d’un tableau à un autre, mais on se trouve au cœur d’un environnement et invité à la parcourir dans un sens privilégié.

D’après Héléne Eristov, Sauf mardi, n°47, 17-29 décembre 1980