Cinema
Peuple de foire
14 Apr 2019
The event is over
Zelimir Zilnik, Journal de jeunes villageois en hiver, (Newsreel on Village Youth, in Winter / Zurnal o omladini na selu, zimi), Yougoslavie, 1967, HD (format d’origine : 35mm), 12’, nb, vostf
Un week-end, aux environs de Novi Sad. Dans les villages, les jeunes, assoiffés de liberté mais sans perspectives, se rebellent contre l’existence qui leur est promise à travers l’alcool, la danse et l’errance.
« Le premier film de Zilnik contient ce qui allait devenir sa marque de fabrique : mêler le documentaire et la fiction avec une audace esthétique et une franchise équivalentes, se concentrer sur des questions politiques jugées socialement inacceptables et déclarées taboues par le gouvernement. » Harvard Film Archive, 5 mai 2017.
Zelimir Zilnik, Les Petits Pionniers (Little Pioneers / Pioniri maleni mi smo vojska prava, svakog dana nicemo ko zelena trava), Yougoslavie, 1968, HD (format d’origine : 35mm), 12’, nb, vostf
Alors que la télévision diffuse des images d’enfants heureux et insouciants, dans la rue, d’autres enfants, abandonnés par leurs parents et par l’État, sont confrontés à la misère et aux abus.
« Si le titre évoque l’enfant pionnier de l’idéologie officielle, dès la séquence d’ouverture le film développe une autre image en contrepoint vis-à-vis de ces enfants marginaux : celle d’une émission télé où des gosses rient de bonheur devant le spectacle d’un acteur populaire (‹ Gula ›). C’est sans doute un renvoi au décalage entre l’image véhiculée par l’idéologie d’une part et une réalité sociale de l’autre. Cette dernière est constituée d’une jeunesse qui n’est pas intégrée dans la vision officielle, tout comme elle ne l’est pas dans la société yougoslave. D’ailleurs, approchée sans misérabilisme, elle vit ses propres plaisirs à la marge. » blog Citylightscinema, 25 janvier 2017.
Zelimir Zilnik, Sans emploi (The Unemployed / Nezaposleni ljudi), Yougoslavie, 1968, HD (format d’origine : 35mm), 8’, nb, vostf
À la suite de réformes économiques en Yougoslavie, des ouvriers licenciés ne parviennent pas à retrouver de travail et vivent dans une grande précarité. Ils partagent leurs doutes et leur confusion, alors qu’ils attendaient autre chose du socialisme.
« En 1967, je faisais deux documentaires : Les Petits Pionniers, sur les jeunes des rues, et Sans emploi, sur la vague de chômage. Idéaliste et membre du parti à l’époque, j’ai été surpris par l’ampleur des différences sociales et la misère que mon équipe et moi avons rencontrées. Nous avons filmé des gens vivant dans une pauvreté extrême qui blâmaient le gouvernement pour son manquement aux idéaux socialistes. » Zelimir Zilnik, Yugoslavia: Down with the Red Bourgeoisie! », 1968: Memories and Legacies of a Global Revolt, 2009.
Zelimir Zilnik, Black Film (Crni Film), Yougoslavie, 1971, HD (format d’origine : 16mm gonflé en 35mm), 15’, nb, vostf
Lassé de films qui ne servent à rien parce qu’ils ne changent rien, le réalisateur va à la rencontre des sans-abri dans les rues de Novi Sad et les invite à passer quelques jours chez lui, avec sa femme et son enfant. Pendant qu’ils profitent de ce séjour, Zelimir Zilnik interroge des gens dans la rue, à la recherche d’une solution pour remédier à leur situation et à son propre embarras.
Le titre du film est une réponse ironique et grinçante au terme de « Black Wave » dont Vladimir Jovicic, un critique et membre du parti communiste, avait désigné la nouvelle vague yougoslave dans un article de 1969, l’accusant de pessimisme, de nihilisme et d’« hérésie anti-socialiste », et annonçant ainsi sa censure.
« Sur les plans du film est gravé le manifeste de Zilnik (et son dilemme professionnel) ‹ Le cinéma : une arme ou de la merde ? › dont un passage dit : ‹ Je dois lutter contre deux ennemis : ma propre nature bourgeoise qui fait de cet engagement un alibi et un commerce, et ceux au pouvoir à qui le silence profite ›. Lors de la présentation de Black Film au festival du documentaire et du court métrage yougoslave de Belgrade en mars 1971, le réalisateur a lu à haute voix un autre manifeste qu’il avait écrit pour l’occasion (intitulé de manière provocante Ce festival est un cimetière) dans lequel il dénonçait les ‹ films socialement engagés › qui cherchaient ‹ le plus pittoresque des misérables qui serait prêt à souffrir de manière convaincante devant la caméra ›. » Celluloid Liberation Front, Cinema Scope n°65, mars 2016.
Zelimir Zilnik, Peuple de foire (Market People / Placmajstori), Yougoslavie, 1977, HD (format d’origine : 16mm double bande), 29’, coul., vostf
La foire de Sabac – la plus grande du genre en Yougoslavie – est un véritable festival des Balkans, qui dure trois jours et trois nuits. On y achète et vend du bétail, des voitures, des vêtements, du vin et du raki dans une atmosphère chaotique baignée de musique. On y voit un cirque avec des lions et des éléphants, des illusionnistes et des escrocs. On y croise les forains, les officiels, toute la société yougoslave, les pieds dans la boue.
En présence du cinéaste
Prochaine séance le 11 mai
When
3pm - 4:30pm