Cinema
Programme 9 - Films Récents
17 - 27 Nov 2002
The event is over
To Lavoisier Who Died in the Reign of Terror de Michael Snow
1992 / 53' / 16mm / coul. / son.
" Le dernier film de Snow, To Lavoisier Who Died in the Reign of Terror, présente une série de plans presque hasardeux, et s'ouvre avec un plan de mains mettant des bûches dans un feu pour se terminer par la destruction mystérieuse d'un immeuble. Bien qu'à première vue cela semble disparate, les séries sont unifiées par deux facteurs : les fortes relations qui lient les personnes avec différentes sortes d'espaces intérieurs, mais aussi par le traitement que Snow a fait subir au film ; les images photographiées ont été rayées et même mutilées de telle manière que cela prenne autant d'importance que les personnages et les événements du film. Snow n'est pas le premier cinéaste à appréhender les possibilités du film comme substance plus que comme médium - un autre fut Andy Warhol dont le film Empire peut être compris dans des termes similaires - mais peu ont exploité ces possibilités avec une telle grâce, une telle inventivité et virtuosité visuelle."
David Sterrin.
" Alors que pour moi To Lavoisier Who Died in the Reign of Terror est merveilleusement riche, il ne plaira certainement pas à tous les spectateurs. Il n'a pas d'intrigue, pas de personnage, pas de dialogue intelligible, et la bande-son dont le cinéaste nous dit qu'elle est basée principalement sur le son du feu, est avant tout abstraite ; bruit blanc ponctué par d'occasionnels éclats de voix, de musiques ou de sons ambiants. Pour apprécier ce film, on doit prêter une grande attention à son aspect plastique - couleur, composition, angle de caméra, rythme - et être prêt à accepter que ces éléments puissent eux-mêmes soulever des questions ou exprimer des idées importantes. Ce que je trouve de si satisfaisant dans ce film, hormis le plaisir sensuel offert par l'imagerie de Snow, est la manière si unique qu'il a de reprendre les questions que l'art moderne a continuellement poursuivies, à savoir : que peut connaître une personne du monde, du monde extérieur à soi? Dans quelle mesure les artistes peuvent-ils nous aider dans cette quête? "
Fred Camper.
Michael Snow de Frédéric Ramade et Jacinto Lageira
2002 / 10 ' / beta / coul. / son
Produit par MK2TV et Arte France
Entretien avec Michael Snow, réalisé en 2002.
Prélude de Michael Snow
2000 / 4' / 35mm / coul. / son.
" Prelude est un film très court, de deux minutes, où la brièveté autant que la densité sont telles que le spectateur a à peine le temps de comprendre de quoi il retourne que la projection s'achève abruptement. Ainsi que le signale
Michael Snow, la perception a lieu ou bien trop tôt ou bien trop tard. Car la perception en question est constituée des paramètres visuel et sonore qui ne sont presque jamais synchronisés pendant le déroulement du film. A l'exception d'un instant, les voix, les bruits produits par les personnages, la musique que l'on entend sont en décalage continuel avec les images perçues, comme si un malin génie avait semé la confusion dans la réalité ou qu'un monteur maladroit avait interverti la bande-son et la bande-image. En conclusion de cette bizarre confusion des sons et des images, sorte de babélisation filmique, de dyslexie optico-visuelle, le spectateur non familier du travail de Snow pourrait croire à une incompétence technique notoire. Ce qu'il voit ne correspond pas à ce qu'il entend et ce qu'il entend n'est pas en relation avec ce qu'il voit. Lorsque le spectateur est enfin sur le point de comprendre le tour de passe-passe dont il a été la victime, l'on entend une voix off: "Cut! Action! "
C'est terminé." Jacinto Lageira in Parachute, n°103.
Musique à écouter dans le noir entre deux films
CCMC 2 : Interpretation of Dreams / 1989 / 10'57'' (extrait)
Al Mattes (guitare, synthétiseur), Michael Snow (piano)
The Living Room de Michael Snow
2001 / 20'33'' / 16mm / coul. / son.
"Le film commence par une vue du ciel avec des nuages, et très vite l'on y distingue des stries horizontales régulières propres au grain télévisuel. La caméra opère un travelling arrière pour nous montrer, en effet, un moniteur diffusant cette image, puis un jeune garçon assis parfaitement immobile sur un canapé en train de regarder fixement l'image, laquelle s'apparente à une photographie incrustée dans le moniteur. Une fois la caméra parvenue à ce plan d'ensemble axonométrique, l'on voit un salon dont le décor est un mélange de De Stijl et de design Pop, le jeune garçon assis sur le canapé, sa mère nue et enceinte, debout derrière lui. Rapidement, le mur vierge qui nous fait face est couvert d'objets qui tombent simultanément et littéralement du haut de l'image, hors-champ, comme par une sorte de magie à la Méliès ou, plus exactement ici, par un traitement en images de synthèse. Entre Lewis Carroll et Tex Avery, entre le théâtre filmé et la technologie de pointe, entre la science-fiction et la manipulation génétique, The Living Room ne transforme pas la réalité, mais nous présente plutôt la réalité transformée, une métamorphose perpétuelle."
Jacinto Lageira in Parachute, n°103
When
From 8:30pm
7pm - 10:30pm