Création industrielle et paysages

L’exposition Création industrielle et paysages présente douze ouvrages E.D.F. réalisés en région Nord-Pas-de-Calais à l’initiative de la Délégation Régionale de l’Architecture et de l’Environnement (D.R.A.E.) du Nord-Pas-de-Calais.

Les projets présentés dans cet « observatoire » sont révélateurs d’une démarche : celle qui consiste à prendre en compte comme des objets industriels dignes de notre attention – et donc du soin des concepteurs que sont les architectes et les designers - ces éléments du paysage, ces parcelles de nos villes que sont pylônes et postes de transformation haute et moyenne tension.

La région Nord-Pas-de-Calais se caractérise par deux critères essentiels : d’une part une géographie physique peu animée où chaque élément saillant devient dominateur et d’autre part une densité d’occupation humaine parmi la plus forte d’Europe. Une longue tradition urbaine vient renforcer ce mode d’occupation et rend la notion de « paysage » complexe tant par ses qualités que par les opportunités qu’elle offre. Il y a une contrainte réelle dans l’implantation des structures d’équipement d’E.D.F. Elles relèvent de l’industrie et sont simultanément systématisées dans leur implantation par l’organisation en réseaux. Elles sont productrices d’un paysage spécifique lui-même impliqué dans le paysage global de la région.

Cette caractéristique a amené la D.R.A.E. à un constat simple à partir de 1988 : il n’était plus possible de continuer à poser les problèmes en termes de masques végétalisés. Le recours au végétal comme unique médiateur se révélait insuffisant. Il devenait nécessaire de développer une politique nouvelle fondée sur le concept de création industrielle et le design de paysage, et d’élaborer une charte de définition du paysage et des aménagements des installations E.D.F. Le recours systématique à un concepteur dont le rôle d’architecte doit se doubler de celui d’un designer est une donnée nouvelle rendue nécessaire pour l’application de la charte.

Le rôle de la D.R.A.E. devint celui d’un médiateur entre E.D.F., le concepteur, le site d’implantation et les élus dans la nécessaire mise en place du concept de création du paysage produit par les installations électriques.

Dans l’exposition, les projets présentés sont d’ampleur inégale : du projet global de Sylvain Dubuisson pour le site de Gavrelle qui traite de tous les aspects du poste E.D.F. (de la mise en valeur du poste comme paysage au dessin d’un élément de clôture) à la butte plantée de Mottelette et à la coloration de pylônes de Vendin-le-Vieil.

Un certain nombre d’entre eux porte sur les problèmes d’enceinte et de clôture et mettent en jeu, au-delà de la nécessité absolue de la sécurité, l’importance d’un rapport plus direct, plus pédagogique, presque ludique avec le public – à Petite Forêt, par exemple – et le souci de l’intégration dans le site qu’il soit urbain ou naturel.

Dans certains projets, le poste se fond dans le paysage grâce à un parti pris d’utilisation de matériaux régionaux comme la brique (Saint-Roch, Haut-Vinage) ; pour d’autres, façades et bâtiments sont conçus comme des éléments industrialisés, ainsi le poste d’Avion ou celui de Becque. D’autres enceintes sont traitées en tant qu’éléments d’architecture, comme Les Créchets et Wattignies. Deux projets portent plus spécifiquement sur bâtiments du poste : Ballon et Hellemmes.

Tous ces projets nous incitent à porter un autre regard sur ces territoires de la modernité que sont les lieux de la transformation et du transport de l’énergie électrique.

D’après le communiqué de presse