Debate / Meeting
Colloque international : Luis Buñuel
24 May 2000
The event is over
Conférences et projections inédites pour un hommage à Luis Buñuel, grand cinéaste espagnol, à l'occasion du centenaire de sa naissance.
Luis Buñuel est né à Calanda, dans une petite ville (Aragon), mais il n'y vivra pas longtemps. Peu de temps après sa naissance, sa famille déménage a Saragosse. Il restera cependant très attaché à son village natal, et y retournera régulièrement.
Le relief rocailleux, les environs désertiques, le caractère rugueux des habitants de la région marqueront le comportement du futur artiste comme l'illustre un de ses court-métrages (Un chien andalou). Il étudie chez les jésuites jusqu'à l'âge de quinze ans et reçoit une formation répressive qui le marqueront encore une fois de plus. « Les deux sentiments essentiels de mon enfance, qui perdurèrent avec force pendant l’adolescence, furent ceux d’un profond érotisme, tout d’abord sublimé dans une forte religiosité, et une constante conscience de la mort. » (Autobiografía, 1939).
Il regrettera toute sa vie de ne pas avoir pu jouer de la musique (il jouait du violon) en raison de sa surdité : « J’ai eu la chance de passer mon enfance au Moyen Âge, cette époque “douloureuse et exquise”, comme l’écrivait Huysmans. Douloureuse dans sa vie matérielle. Exquise dans sa vie spirituelle. Juste le contraire d’aujourd’hui. » (Mon dernier soupir, 1982).
En 1928, avec l'aide matérielle de sa mère, Luis Buñuel tourne son premier film Un chien Andalou dont le scénario est écrit en collaboration avec Salvador Dalí. Dans un premier temps, ce film est projeté en privé pour Man Ray et Louis Aragon. Très enthousiastes, ces derniers demandent à Buñuel d'organiser une séance pour les surréalistes.
Le 30 novembre 1930, après la première projection du film L'Âge d'or, co-réalisé avec Salvador Dalí (selon José Pierre : « Peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste »), la censure exige des coupes. Quelques jours après, la Ligue des patriotes et la Ligue anti-juive saccagent le Studio 28 à Montmartre, Paris 18e, qui projette le film et propose dans son hall une exposition d'œuvres surréalistes. Ce saccage est le déclenchement d'une virulente campagne de presse contre les surréalistes, et le préfet de police Chiappe[1] fait saisir le film. En fait, seule la copie de projection sera confisquée et détruite, le négatif étant resté en la possession de Charles Vicomte de Noailles et son épouse Marie-Laure de Noailles , les mécènes du film. L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1980.
Du Chien andalou jusqu'à Cet obscur objet du désir, Luis Buñuel a construit une œuvre profondément marquée par le surréalisme. Ses films portent pratiquement tous, à des degrés divers, la marque du surréalisme, que ce soit dans la forme ou le discours. Le cinéaste surréaliste est celui qui « aura détruit la représentation conventionnelle de la nature [...], ébranlé l'optimisme bourgeois et obligé le spectateur à douter de la pérennité de l'ordre existant » (Luis Buñuel).
Buñuel se voit proposer un tournage en Europe : il s'agit de Viridiana, qui obtient la Palme d'or au Festival de Cannes 1961 mais surtout provoque de gros remous politiques, diplomatiques et religieux. Le régime de Franco, après avoir permis le tournage et accepté que le film représente l'Espagne au Festival finit par l'interdire complètement. Les copies espagnoles sont saisies et détruites mais le film est distribué normalement en France. Le film est distribué en Espagne en 1977, deux ans après la mort du Caudillo.
Suivent L'Ange exterminateur, Le Journal d'une femme de chambre, adaptation du célèbre roman d'Octave Mirbeau. En choisissant de repousser de trente ans l'action du roman d'Octave Mirbeau, Luis Buñuel s'offre une belle vengeance sur ceux qui bâillonnèrent ses débuts dans les années 1930: dans la dernière séquence du film, des manifestants 'antimétèques' scandent effectivement 'Vive Chiappe!'. Après cette adaptation, Buñuel signe son dernier film mexicain, le surprenant Simon du désert. Il vient alors régulièrement tourner en France, en particulier pour des projets impliquant Jean-Claude Carrière. Ses films sont toujours aussi puissants et en lutte contre la bourgeoisie dominatrice : La Voie lactée, Belle de jour. Il tourne Tristana en Espagne, à Tolède malgré l'incident provoqué par Viridiana.
Il reçoit l'Oscar du meilleur film étranger pour Le Charme discret de la bourgeoisie et choisit d'arrêter sa carrière de réalisateur en 1976 avec Cet obscur objet du désir. Il était Satrape du Collège de 'Pataphysique. Il est le père du réalisateur Juan Luis Buñuel et de Rafael Buñuel.
When
10am - 7pm
Where
Partners