Exhibition / Museum
Mobilier Suisse

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Cette exposition tente de répondre aux questions suivantes : Y-a-t-il en Suisse une école spécifique en matière de design qui puisse être rattachée à une région ? Zurich peut-elle être comptée parmi les autres capitales européennes du design telles que Berlin, Londres, Barcelone, Milan ou Paris ?
Une série d’expositions a été entreprise par le Centre de création industrielle dans le but de mettre l’accent en matière de design sur la différence des langages utilisés en des lieux géographiques donnés et de souligner, à l’encontre d’un internationalisme de type moderniste, la richesse du patrimoine européen.
La Suisse est un cas particulier : sans forte concentration urbaine et sans esprit métropolitain où puisse fermenter une culture des avant-gardes, portée par les idées nouvelles et anti-bourgeoises engendrant les réformes vitales des sociétés industrialisées.
Elle est cependant, avant tout, un pays d’accueil de réfugiés politiques et d’émigrés.
Le rassemblement de cultures différentes en a fait un lieu de réflexion et de travail propice à l’œuvre réformiste. Zurich notamment a été un lieu de renouvellement culturel. C’est à Zurich que furent lancées des idées révolutionnaires comme, en 1918, le Manifeste dadaïste, propagé par des collectionneurs et des critiques enthousiasmé par le mouvement surréaliste. La ville fut aussi le lieu de regroupement des représentants de l’Art concret.
En ce qui concerne l’architecture et le design, la Suisse a aussi bénéficié de l’enseignement de ses réfugiés.
Marquées par le renouvellement anglo-saxon de l’Art and Craft, puis par la réforme de l’enseignement des écoles d’arts appliqués allemandes, et avant tout par quelques personnalités venues du Bauhaus comme Johannes Itten, les écoles de Bâle et de Zurich ont développé l’idée d’une synthèse des arts sous l’égide de l’architecture, telle qu’elle a été voulue par Walter Gropius. Autour d’Armin Hofman, l’école de Bâle se spécialise dans la typographie et le graphisme, devenant, plus qu’un lieu d’apprentissage, une référence en la matière.
L’école de Zurich, pour sa part, reste portée vers l’architecture d’intérieur et l’enseignement de l’art.
Les figures dominantes sont des personnalités polyvalentes, à la fois artistes, architectes, designers ou graphistes, comme Max Bill, Hans Fischli, Willy Guhl, qui ouvrent la voie au mobilier suisse à partir de l’après-guerre.
L’atout majeur de cet enseignement tient à une formation liée à une pratique artisanale. Après un stage en agence, le jeune créateur suit l’enseignement professionnel à l’école, qui se conclut par une spécialisation.
Ainsi, tout enseignement est fondé sur une pratique préliminaire et devient le complément de la pratique de base acquise dans les agences.
Ce choix définit cette solide école suisse-allemande, fermée à l’expérience éphémère, à la théorie vague et au métier non vérifié.
Par ailleurs, si la Suisse n’est généralement pas à la pointe du développement technologique, elle l’est cependant, pour certaines de ses productions industrielles, par l’application de méthodes sophistiquées, qui font en partie la qualité du produit.
C’est donc une certaine pratique professionnelle locale, une tradition culturelle, en même temps que sa technologie qui font le style zurichois.
Accompagnée d’une éthique impliquant la responsabilité du créateur et du fabricant vis-à-vis de l’utilisateur, la sûreté du concept, la solidité matérielle, la durabilité, enfin l’originalité sont les critères de qualité.
Telle est la signification de l’arbalète marquant les bons objets : le travail de qualité suisse.
D’après François Burkhardt, CNAC magazine, n°53, 15 septembre-15 novembre 1989
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