Cinema
Lost Lost Lost
De Jonas Mekas, 1976, n & b et couleur (175')
31 Dec 2012
The event is over
Programme 5 : Trois fois perdu Le premier « journal filmé » que Jonas Mekas commence à tenir dès son arrivée à New York, en 1949 : « La période que je montre à travers ces six bobines de film fut une période de désespoir, de tentatives pour planter désespérément des racines dans cette terre nouvelle, pour créer des souvenirs. […] La sixième bobine est une transition, elle montre comment nous commençons à respirer, à trouver quelques moments de bonheur. Une nouvelle vie commence... » J. Mekas
Lost Lost Lost de Jonas Mekas
États-Unis, 1976, 16mm, 175’, nb et coul., vostf
filmé entre 1949 et 1963, monté en 1976
avec Jonas et Adolfas Mekas (premières années à New York) et la communauté immigrée lituanienne ; Robert Frank tournant The Sin of Jesus, LeRoi Jones, Allen Ginsberg, Frank O’Hara au Living Theatre ; manifestations pour la paix ; à la Film-Makers’ Cooperative ; tournage de Hallelujah the Hills, vues de New York ; séminaire Robert Flaherty ; portrait de Tiny Tim ; ouverture de Twice a Man (par Gregory Markopoulos) ; la campagne vue par Jonas Mekas, d’une part, et Ken Jacobs, d’autre part
« La période que je décris à travers ces six bobines de film fut une période de désespoir, de tentatives pour planter désespérément des racines dans cette terre nouvelle, pour créer des souvenirs. À travers ces six douloureuses bobines, j’ai essayé de décrire les sentiments d’un exilé, mes sentiments pendant ces années-là. Elles portent le nom de Lost Lost Lost, titre que nous voulions donner, mon frère et moi, à un film que nous voulions faire en 1949 et qui aurait suggéré notre état d’âme en ces temps-là. Le film décrit l’état d’esprit d’une "Personne déplacée" qui n’a pas encore oublié son pays natal mais qui n’en a pas encore "gagné" un nouveau. La sixième bobine est une transition, elle montre comment nous commençons à respirer, à trouver quelques moments de bonheur. Une nouvelle vie commence... »
Jonas Mekas, 31 mars 1976
« Chante Ulysse, chante tes voyages. Raconte où tu es allé. Raconte ce que tu as vu et raconte l’histoire d’un homme qui n’a jamais voulu quitter son foyer, qui était heureux et qui vivait parmi les gens qu’il connaissait et dont il parlait la langue. Raconte comment il a été jeté de par le monde. »
Jonas Mekas dans Lost Lost Lost
« En laissant la Lituanie derrière lui, Jonas Mekas semble s’être perdu. Lost Lost Lost. Trois fois perdu. Sans ponctuation. Comme les bégaiements de la mémoire qui essaie de se souvenir dans les tercets erratiques ("les arbres les arbres les arbres… la route la route la route… l’enfance l’enfance l’enfance…") qui scandent les paysages enneigés du Vermont à l’avant-dernière bobine du film. »
Patrice Rollet, « Les exils de Jonas Mekas », Les Cahiers du cinéma n°463, janvier 1993
« Au tournant des années 1950, le cinéaste immigré se transforme en activiste incontournable de la scène underground en gestation. Comme tous les films de Mekas, Lost Lost Lost est un documentaire précieux sur cette période : naissance de Film Culture, revue importante dans la découverte américaine de Dreyer et Cassavetes, premières réunions de la Film Makers' Coop, point de rendez-vous de Warhol, Jack Smith, Shirley Clarke et Brakhage. Mekas saisit le plus pur et le plus ludique air du temps. Il explore les lumières de New York et ses bas-fonds. »
Olivier Joyard, « Jonas Mekas, l’odyssée de l’exil », Les Cahiers du cinéma n°552, décembre 2000
Première diffusion le dimanche 2 décembre, 15h, cinéma 1, en présence de Jonas Mekas et Patrice Rollet
When
From 3pm