Michael Snow

Tourné en décembre 1966 dans le loft de Michael Snow à New York, Wavelength est l’un des films dits « expérimentaux » les plus commentés de tous les temps. Durant 45 minutes, un zoom en avant parcourt la pièce, en suivant l’axe central de la scène pour s’approcher d’une photographie de quelques vagues en noir et blanc. Pendant ce mouvement, à première vue continu, une série d’actions ou d’accidents se suivent. Surtout, un son sinusoïdal en crescendo, d’abord à peine perceptible, devient quasiment assourdissant lorsqu’on approche de la conclusion.

La littérature critique a fait de Wavelength l’œuvre la plus emblématique de la réduction du film à un seul mouvement de caméra – le zoom, précisément. Selon Annette Michelson, l’une de ses exégètes les plus sophistiquées, Wavelength endosse « un nouveau concept d’action filmique qui devient littéralement l’usage et l’épuisement d’un certain espace de la part de la caméra ». Alternativement défini comme « structurel » ou « minimaliste », le film est en réalité un objet encore plus complexe et multiforme, résultat d’un assemblage qui n’exclut pas le hasard dans le moment de sa fabrication et qui, à l’image de l’intégralité de l’œuvre de Michael Snow, n’est pas dépourvu d’un certain sens de l’humour.