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Albert Serra, Corps à corps
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« Le temps, c'est l’émotion du cinéma. Un temps avant tout manipulé par le récit et la mise en scène, violentant nos perceptions, soit par le vertige de l'accélération, soit par le ralentissement de la contemplation languissante. Mais c’est aussi un temps sculpté, qui devient matière dans des détails, rendus plus poreux par son action. Non pas les bâtiments inertes, les faux décors en carton-pâte, les rues pleines d'agitation ni même les plus beaux paysages, mais les détails du corps de l'acteur et particulièrement les zones qui enregistrent tout. Le visage, sur lequel le pas du temps - c'est à dire la pensée morale - trouve son reflet le plus parfait, dans la moindre vibration. Ce temps est la vraie matière de la vie. » Albert Serra
Mêlant depuis son premier film, Honor de cavalleria, en 2006, une attention formelle à des dispositifs de tournage toujours plus singuliers, Albert Serra compose une œuvre dense, traversée par un goût pour la littérature et la provocation. Il alterne aujourd’hui les projets de cinéma (son dernier long métrage, Liberté, était présenté à Un Certain regard, au Festival de Cannes 2019) et les propositions pour le monde de l’art, mais qu’il dirige Lluis Carbo, ancien professeur de tennis de son village, en Catalogne, dans tous ses films et installations, Jean-Pierre Léaud en monarque finissant dans La mort de Louis XIV, en 2016, Benoît Magimel dans le film Tourment sur les îles, en cours de montage, ou encore la jeune garde des tout derniers toreros madrilènes, dans son prochain projet, le cinéaste relève avec obstination la question de l’âge du corps de l’acteur à l’écran.
Programme
Vendredi 4 février
Avec Benoît Magimel
En 1988, alors âgé de 13 ans, Benoît Magimel impose sa gouaille et son inoubliable visage en incarnant Momo dans le film d’Étienne Chatilliez, La vie est un long fleuve tranquille. Il a tourné depuis dans plus de soixante-dix films, sous la direction notamment de Claude Chabrol, Nicole Garcia, ou encore Emmanuelle Bercot, Olivier Dahan, Rebecca Zlotowski. En 2001, il est récompensé par le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans La Pianiste, de Michael Haneke. À l’été 2021, il tourne en Polynésie française et pour la première fois sous la direction d’Albert Serra, « un mec sympa et étrange, qui change sans cesse le scénario, ne regarde jamais le plateau, écoute juste. Très théâtre expérimental des années 1970... » selon l’acteur (Le Monde, 20 novembre 2021)
Samedi 5 février
Avec Radu Jude
Figure virtuose et désormais incontournable du cinéma européen, le roumain Radu Jude a connu le succès dès son premier court métrage, La Lampe au chapeau, en 2006. Il est l’auteur de plus de vingt films à ce jour, fictions et documentaires, au ton aussi grinçant que frontal. Avec Aferim!, en 2015, puis Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares, en 2018, il revient sur l’histoire de son pays et interroge la question de la mémoire collective. En 2021, il est récompensé par l’Ours d’or à la Berlinale pour son film Bad Luck Banging or Loony Porn.
Dimanche 6 février
Avec Angelica Liddell
Autrice, actrice, metteuse en scène espagnole, installée à Madrid, Angelica Liddel explore à travers les spectacles qu’elle produit, avec sa compagnie Atra Billis, une esthétique entre performance et théâtre. En 2021, elle présente Liebested – El Olor a sangre ne se me quita de los ojo, inspiré par la figure du torero Juan Belmonte, au Festival d’Avignon.
When
6pm - 7pm
Where
© D.R.