RP3, Ci-gît l'Espace
1960
Yves Klein
Cette pièce unique dans l'œuvre d'Yves Klein se compose d'un Monogold, c'est-à-dire d'un panneau de bois doré à la feuille sur lequel sont installés des pétales d'or, une couronne d'éponge IKB et un bouquet de roses artificielles. Chacun de ces éléments accomplit une fonction symbolique propre à l'univers de l’artiste :
- Le panneau d'or posé au sol forme un réceptacle à la chute des corps, mettant en scène la force gravitationnelle comme liant idéal des différentes composantes cosmiques.
- La pluie de pétales d'or figure la monnaie de l'absolu, en tant qu’elle représente pour Klein la matière illuminée, douée de vie, intermédiaire entre le monde visible et l’invisible.
- L'éponge bleue en couronne concrétise l'absorption par la matière de la couleur de « l'espace-même ».
- Les roses qui ornent la tombe symbolisent le sang, troisième élément du système alchimique de Klein qui autorise à échanger entre eux l'espace, en tant que zone de sensibilité immatérielle, le sang et l'or.
Par l’emploi de ces trois couleurs, cette œuvre peut être rapprochée de l'ex-voto réalisé pour le sanctuaire de Sainte-Rita de Cascia, autre objet témoignant d'une communication possible entre ce monde et l'au-delà : une boîte divisée en trois compartiments remplis de poudre d'or, de pigments bleus et de pigments roses qu’il offre en 1961 à la « Sainte de l'impossible ».