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La Chambre bleue

1923

Suzanne Valadon

Mme Valadon ne se plie à aucune concession ; elle préfère même parfois la vulgarité évidente à la jolie expression qu'elle ne veut pas subir.*

Une femme brune est allongée dans une alcôve encadrée de draperies. Les vêtements d’intérieur qu’elle porte ne sont pas destinés à satisfaire le regard d’un homme : un haut à bretelles qui laisse deviner une poitrine lourde et un pantalon à rayures. Une cigarette pend nonchalamment à ses lèvres. Sur son lit, les deux livres rouge et jaune contrastent avec le bleu dominant toute la composition. Les motifs des tissus et du mur créent une surcharge optique soutenue par les rayures du pantalon et les imperfections du mur décrépi. Dans un décor traditionnellement réservé aux odalisques languides, cette Olympia revisitée n’attend pas l’arrivée d’un homme mais affiche un désir d’indépendance. Le chat peint par Édouard Manet aux pieds de son Olympia est ici remplacé par deux livres, un roman de poche français et un livre relié d’histoire de l’art, tous deux symboles d’émancipation intellectuelle.

Bien que n’étant pas un autoportrait, cette femme peut être vue comme l’alter ego symbolique de l’artiste.   

*Gustave Coquiot, critique d’art


Pour aller plus loin

Vidéo

Décryptage de La Chambre Bleue, de Suzanne Valadon

Produit par le Centre des Monuments nationaux, 2021

Durée : 1'21"