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Autel O.A.S.

1962-1992

Niki de Saint Phalle

Depuis la série des Tirs, la question de la violence traverse l’œuvre de Niki de Saint Phalle. L’artiste nous livre ici une œuvre polysémique, marquée par son contexte historique. Pendant l’été 1962, elle expose Autel O.A.S. dans la vitrine de la galerie « Rive Droite » à Paris, alors que la Guerre d’Algérie vient de prendre fin et que l’indépendance du pays est proclamée le 5 juillet. Avec cette œuvre, Niki de Saint Phalle évoque les attentats de l’OAS (Organisation Armée Secrète). Ce groupuscule clandestin terroriste, composé essentiellement de militaires en rupture, s’oppose à la politique du général de Gaulle et à l’indépendance de l’Algérie. L’OAS a organisé des attentats en Algérie mais aussi en France métropolitaine, en visant aussi bien des personnalités (dont le général de Gaulle) que des civils. 

 

L’artiste détourne l’acronyme du groupe armé et sa signification en « Œuvre d’Art Sacré ». En s’inspirant de l’iconographie religieuse chrétienne du retable, la scène est dominée par une chauve-souris empaillée, aux ailes équipées de grenades. Dans la symbolique chrétienne, cet animal est associé aux mécréants et aux ignorants. L’autel est décoré de crucifix, d’animaux empaillés, de baigneurs désarticulés, d’objets de reliquaires et d’autres objets profanes. Recouverte d’une peinture dorée, l’œuvre cathartique renvoie autant au champ du sacré que du profane. Créée en réaction à la Guerre d’Algérie, elle est présentée en 1980 au Centre Pompidou lors de la première rétrospective de l’artiste et est finalement acquise par le Musée national d’art moderne en 2023.