Auguste Herbin
De la lettre à l'image
Des formes simples : des carrés, des cercles, des triangles, des rectangles, rigoureuses mais chatoyantes, peintes selon les trois couleurs primaires : le jaune, le bleu, le rouge, avec quelques nuances, auxquelles s’ajoutent le noir et le blanc, ce que Piet Mondrian nomme dans son langage néoplastique, des non-couleurs… Chaque forme colorée occupe sa place avec stabilité. Dans cette peinture d’aplats, sans ombres ni reliefs, les non-couleurs sont à la fois formes et fonds, fond noir/formes blanches, fond blanc/formes noires. Tout un programme ! Sur quelle île veut nous conduire le peintre ? Est-ce un territoire codé, un rébus à déchiffrer ? Le spectateur est invité à avoir un regard actif et créatif sur l’œuvre.
Dans son ouvrage publié en 1949, L’Art non-figuratif non-objectif, l’artiste donne des explications sur les correspondances utilisées. Ici, le V, triangle inversé noir, est peint en opposition avec le blanc des quelques barres évoquant le N (le V, noir, et le N, blanc, peuvent prendre toutes les formes et correspondent à toutes les sonorités) ; les formes rouges, sphériques, incarnent le E (sonorité do) ; la forme bleue, hémisphérique, représente le R (sonorité sol, la) ; le fond jaune orangé symbolise le I (sonorité ré)… Cette démarche évoque Rimbaud et son sonnet des voyelles.
Vendredi 1 fait partie d’une série peinte entre 1949 et 1951, à partir des noms des jours de la semaine.
Auguste Herbin en 7 dates
1882 Naît à Quiévy
1917 Inaugure sa période abstraite
1928 Co-fonde le Salon des surindépendants
1931 Rejoint le groupe Abstraction-Création
1946 Crée un « alphabet plastique »
1959 Peint Charme, œuvre ultime où abstration et alphabet trouvent leur apogée
1960 Meurt à Paris
Pour aller plus loin
Dans la collection du Musée national d'art moderne