Focus sur... « Hommage à Georges Pompidou » de Victor Vasarely
On ne peut pas le manquer. Et c'est justement le but de Vasarely que de toucher un large public en étant présent partout. Apparenté à la mouvance cinétique puis à l'Op'Art, son œuvre joue sur des formes géométriques simples, « optimales et optimistes » qui, combinées dans l'espace, perturbent notre perception et persistent dans notre rétine.
Le logo de Renault, c'est Vasarely. Le fameux losange strié de noir et blanc avec son effet d'optique. Cette impression à la fois de mouvement et de relief, qui rajeunit la marque automobile pour la sortie de la Renault 5 en 1972, c'est l'œuvre de Vasarely et de son fils Yvaral. Quatre ans plus tard, l'artiste réalise un hommage à Georges Pompidou, président de la République (de 1969 à 1974) dont il était proche. Non plus un losange, mais un hexagone de cinq mètres de hauteur dans lequel s'inscrit le visage du président défunt grâce à des profilés d'aluminium disposés verticalement. Le portrait se dessine en creux. On reconnaît l'homme lorsque l'on se tient à une certaine distance, mais la composition devient abstraite dès qu'on s'en approche. Cette sculpture métallique rend hommage à l'homme politique « conservateur d'avant-garde » (Laurence Bertrand Dorléac) autant qu'au collectionneur, qui faisait se côtoyer chez lui les oeuvres de Bonnard et des Nouveaux Réalistes, celles de Kandinsky et des artistes cinétiques. Elle illustre également les recherches menées par Vasarely sur l'illusion produite grâce au mouvement du spectateur.
Cet hommage illustre les recherches menées par Vasarely sur l'illusion produite grâce au mouvement du spectateur.
Vasarely a eu un rôle fédérateur dans l'éclosion de la mouvance cinétique. 11 rédige le manifeste de l'exposition « Le Mouvement » qui accueille Duchamp, Calder et Tinguely dans la galerie Denise René en 1955. L'artiste d'origine hongroise étend son influence à l'Amérique latine suite à son exposition de 1958 à Buenos Aires, puis en Europe du Nord (1961) et aux États-Unis (1965) avec une exposition franco-américaine au MoMA qui marque l'épanouissement de l'Op'Art : matériaux industriels, compositions géométriques, aplats impeccables..., le côté spectaculaire des pièces enthousiasme à la fois la presse et le public. « L'œuvre plastique diffusable, optimale et optimiste » (Vasarely) trouve un immense écho dans la publicité et à la télévision.
On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins.
Le Nouvel Observateur, 1966
Les motifs géométriques de Vasarely habillent les plateaux télé, les magazines de mode, les pochettes de disques (le deuxième album de David Bowie Space Oddity reprend la peinture composée de ronds dégradés bleus intitulée CTA 25 Neg), les couvertures de livres (les quatre-vingt-quinze premiers ouvrages de la collection « Tel » chez Gallimard), le tissu d'ameublement. Sérigraphies, porcelaines, posters ... « On vend du Vasarely au mètre dans les grands magasins », constatait déjà Le Nouvel Observateur en 1966. Son omniprésence participe au désamour que l'œuvre suscite à partir des années 1980. La mode passe et la multiplication des Vasarely tous azimuts se heurte au marché de l'art qui le boude et l'éclipse pendant quelques décennies. ◼
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Victor Vasarely, Hommage à Georges Pompidou, 1976 (détail)
38 profilés d'aluminium disposés verticalement et échancrés, 500 x 400 x 6 cm
© Centre Pompidou / photo : J. Faujour / Dist. Rmn-Gp / Adagp