Parcours Présence
Œuvres acquises dans le cadre de la saison 2022-2023 du Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations
15 novembre 2023 – 13 mai 2024
Musée, niveau 4
L'exposition
Le Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations est né en 2018 d’une rencontre entre le Centre Pompidou et des entreprises convaincues qu’il faut, pour imaginer le monde de demain, dialoguer avec la création artistique d’aujourd’hui. En 2023, le programme a permis de faire entrer dans la collection du Musée national d’art moderne des œuvres de Stéphanie Saadé, d’Isabelle Le Minh, de Chloé Quenum et d’Armand Jalut. Ces œuvres ont été conçues lors d’une résidence des quatre artistes dans quatre entreprises : BNP Paribas Banque Privée, Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté, le Fonds de dotation Teréga Accélérateur d’Énergies et Tilder.
Le thème de réflexion proposé aux artistes était celui de la présence. Après la pandémie, le sens de la présence a été interrogé dans le monde de l’entreprise comme dans les musées. La présence en entreprise a pour but de créer un projet collectif ; le rôle du musée est de conserver la mémoire de la création artistique, mais aussi et surtout de mettre le public en présence des œuvres. Cette seconde mission des musées a été remise en question lors de leur fermeture au plus fort de la crise sanitaire, une période qui a permis de vérifier que, malgré l’ingéniosité des télé-dispositifs, rien ne pouvait remplacer le contact direct avec les œuvres.
Plan du parcours
Les œuvres
Synchronicités (Engram), 2023Bronze poli, nickel, lumière | |
Isabelle Le Minhnée en 1965 à Schötmar (Allemagne) vit et travaille à Nogent-sur-Marne (France) en résidence à la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté |
À l’ère de la massification des images, cette œuvre cherche dans les prémisses du médium photographique la voie de son réenchantement.
Le disque en bronze poli, recouvert d’une fine couche de nickel, évoque la surface d’argent pur d'un daguerréotype vierge, sur laquelle viendra s’enregistrer l’image photographique, selon un procédé mis au point dans les années 1830 par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre.
Les daguerréotypes furent appelés les « miroirs qui se souviennent ». À la façon des miroirs magiques chinois, le disque en bronze éclairé projette sur la surface lui faisant face les trois mots « forget me not » (ne m'oublie pas), écrits avec l’écriture de Niépce.
Crédits : © Adagp, Paris, 2023. Photos : Nicolas Waltefaugle
Synchronicités (Failogram), 2023Disque d'étain, sculpture en verre tubulaire, bitume de Judée | |
Isabelle Le Minhnée en 1965 à Schötmar (Allemagne) vit et travaille à Nogent-sur-Marne (France) en résidence à la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté |
Cet hommage à Nicéphore Niépce, l’un des inventeurs de la photographie, fixe le moment d’avant la naissance de l’image, pour exalter la magie de celle-ci.
L’objet en verre suspendu au-dessus du disque d’étain a cette forme de phylactère qui apparaît dans la signature de Nicéphore Niépce. Il contient quelques gouttes de bitume de Judée, ce produit photosensible grâce auquel Niépce obtint la première image fixée d’un paysage en 1824. À partir de 1826, ce dernier utilisera l’étain pour réaliser des images gravées et reproduire des photographies. Dans cette œuvre qui évoque la production des images, il n’y a toutefois pas d’image.
Crédits : © Adagp, Paris, 2023. Photos : Nicolas Waltefaugle
Les nuages rendent la lune invisible, 2023Verre soufflé coloré, dispositif sonore (texte d’Alexandra Carlin) | |
Chloé Quenumnée en 1983 à Paris (France) vit et travaille à Paris (France) en résidence chez Teréga via le Fonds de dotation Teréga Accélérateur d’Énergies |
Ces éléments aux allures de pictogrammes paraissent en attente d'un montage, d'une construction ou d'un récit qui leur donnerait un sens.
Chloé Quenum place au centre de ses réflexions la question de la circulation des signes et des formes dans le temps, la géographie et à travers les cultures. Ces pièces en verre soufflé, aux formes coudées, circulaires, en obus, en S et en zigzag ainsi qu'aux couleurs diverses (argent miroir, gris anthracite, orange, vert et violet) sont présentées selon des configurations qui peuvent varier d'une exposition à l'autre. Cette tuyauterie précieuse et fragile s'offre délibérément à une multiplicité de lectures.
Crédits : © Adagp, Paris, 2023. Photos : Béa Uhart
Traversée des états, 20232 panneaux de Terrazzo, vinyle, cassette et cd broyés, ciment, colle | |
Stéphanie Saadénée en 1983 au Liban vit et travaille à Paris (France) en résidence chez BNP Paribas Banque Privée |
C'est un principe de transmutation plutôt que de remémoration qui régit le rapport de ces œuvres au passé.
Ici la transmutation a pour objet deux albums de la grande chanteuse libanaise Fairuz, qui ont fait partie de la bande-son de la jeunesse de Stéphanie Saadé. Dans l'histoire de leur diffusion, ces enregistrements ont connu les supports qui ont scandé le cours de l'industrie musicale : le 33 tours en vinyle, la bande magnétique des cassettes audio et le compact disc. Les fragments d'un album dans ces trois formats de diffusion ont été dispersés dans un panneau de ciment. C'est la mémoire des sons que ce terrazzo d'un genre nouveau offre maintenant au regard.
Plus d'infos sur la résidence d'artiste de Stéphanie Saadé chez BNP Paribas Banque Privée
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Stéphanie Saadé, la mémoire dans la peau
Crédits : © Stéphanie Saadé. Photos : Florian Kleinefenn
Key message, 2023Huile et acrylique sur toile | |
Armand Jalutné en 1976 à Toulouse (France) vit et travaille à Paris (France) en résidence chez Tilder |
Cette peinture renvoie tout à la fois à la tradition moderne du montage et à celle, multimillénaire, de la nature morte.
Elle fait signe au culte pop de l'image ainsi qu'à l'exhibition moderniste de la touche de pinceau; en d'autres termes, à Andy Warhol et à Édouard Manet. Armand Jalut a choisi, le plus souvent sur Internet, des images de choses qui incarnent, pour le vêtement, le thème du paraître et, pour la fleur, celui de l'ornement. Il assemble ensuite les images retenues. La peinture se manifeste ici dans l'expressivité de sa matière et l'arbitraire de ses couleurs, afin de sauver un peu de présence dans un monde où les flux médiatiques en font perdre beaucoup.
Plus d'infos sur la résidence d'artiste d'Armand Jalut chez Tilder
Crédits : © Adagp, Paris, 2023. Photos : Florian Kleinefenn
Le catalogue
Présence
Sous la direction de Michel Gauthier
Éditions du Centre Pompidou, 2023
96 pages
L'ouvrage comprend des préfaces de Laurent Le Bon, Xavier Rey et Matthias Leridon, des textes de Mathieu Potte-Bonneville, Michel Gauthier et Françoise Claire Prodhon.
Le Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations
Dialoguer, créer, partager
Créé en 2018 à l’initiative d’entreprises mécènes engagées et du Centre Pompidou, le Fonds de dotation Centre Pompidou Accélérations a pour objectif de susciter un dialogue original et fécond entre le monde artistique et le monde de l’entreprise. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre d’une saison de deux ans qui comprend plusieurs temps forts : le choix d’un thème sociétal, fil rouge de la saison ; un événement de lancement réflexif et festif ; des résidences d’artistes au sein des entreprises au cours de laquelle chaque artiste créera et présentera dans l’entreprise hôte une (ou plusieurs) œuvre(s) sur le thème proposé ; l’entrée de ces œuvres dans la collection du Musée national d’art moderne ; et leur présentation dans le cadre d’un parcours dédié au sein du Centre Pompidou, avec la publication d’un ouvrage.
En 2022-2023, 4 entreprises sont membres du Fonds de dotation Accélérations autour du thème de « la présence », sous le commissariat artistique de Michel Gauthier.