Cine / video
Lisandro Alonso
dans le cadre de Albert Serra-Lisandro Alonso, cinéastes en correspondance
31 may - 29 jun 2013
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A l'occasion de la présentation de sa correspondance filmée avec Albert Serra, le Centre Pompidou accueille le cinéaste Argentin Lisandro Alonso, du 31 mai au 29 juin 2013. Rétrospective, carte blanche, regard sur le cinéma argentin contemporain, recontres, sont au programme.
A l'occasion de la présentation de la (très brève) correspondance filmée qu'il a entretenue avec le Catalan Albert Serra, Lisandro Alonso est le grand invité du Centre Pompidou, jusqu'au 29 juin prochain. Au programme : rétrospective, carte blanche, regard sur le cinéma argentin contemporain, rencontres.
"Un homme arpente la pampa argentine. Un autre descend le cours d’un fleuve dans la solitude d’une pirogue. Les plans-séquences des premiers films de Lisandro Alonso, La Libertad, en 2001, puis Los Muertos, en 2003, impriment à jamais pour celui qui les a vus un sentiment de beauté foudroyante mêlée à une inquiétante étrangeté. Alonso cinéaste semble procéder du même mouvement, solaire et sombre à la fois, qui le fait documenter la condition d’homme de façon quasi métaphysique en narrant des destins de singulières gueules brisées, au milieu d’un territoire rendu à la fois immense et minuscule. Il a suffi d’un film, oserait-on dire d’un plan, à Lisandro Alonso pour s’imposer comme le chef de file d’une génération de cinéastes, au tournant des années 2000. À l’instar du Catalan Albert Serra, Lisandro Alonso s’attache à filmer la nature comme un personnage à part entière et préfère travailler avec des acteurs non professionnels. Comme lui également, il a su inscrire ses actes les plus aboutis au sein d’une cinéphilie mondialisée. La présentation ici même de la brève mais radicale correspondance filmée que les deux cinéastes ont entretenue est l’occasion de re-voir le geste même de correspondre dans son sens le plus plein et d’affirmer, à travers les lettres filmées, l’ambitieux nouveau format proposé sur la durée par les Cinémas du Centre Pompidou.
Elle permet également de revenir sur une filmographie passionnante à plus d’un titre et d’une densité sans limite. Éminent représentant du « Nuevo Cine Argentino », aux côtés de Lucrecia Martel et Pablo Trapero notamment, Lisandro Alonso nous fait également découvrir, à l’invitation de notre carte blanche, le travail de ses plus proches collaborateurs, devenus à leur tour cinéastes, à l’instar de la monteuse Delfina Castagnino. Ce passionnant voyage en sa compagnie est aussi l’occasion de constater que ce jeu de filiation est aussi une affaire d’héritage, comme de transmission – d’un regard, d’une exigence, d’une croyance en ces mille possibles qu’incarne le cinéma. C’est dans cet esprit qu’à notre tour, nous avons cherché à découvrir et faire découvrir au public du Centre Pompidou, la génération qui façonne aujourd’hui le « Nuevo nuevo Cine », à travers une sélection de films argentins contemporains quasi exclusivement inédits à ce jour. Je suis heureux et fier d’accueillir pour la première fois au Centre Pompidou, le cinéaste Lisandro Alonso et avec lui, les représentants les plus prometteurs de la création cinématographique contemporaine."
Alain Seban, président du Centre Pompidou
Propos recueillis par Sylvie Pras, chef du service des cinémas, département du développement culturel. Traduit de l'espagnol par Damien Truchot.
L’Argentin Lisandro Alonso est apparu dans l’univers des cinéphiles en 2001 avec La Libertad, premier film radical qui révélait un talent au-delà de la dramaturgie, empreint d’étrangeté et d’une violence sourde, et l’imposerait bientôt comme l’un des chefs de file du « Nuevo Cine Argentino ». Le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective intégrale, en correspondance avec Albert Serra. Le cinéaste revient sur ses affinités.
Sylvie Pras - Vous allez présenter l’intégralité de vos films au Centre Pompidou. Comment les autres arts influencent-ils votre cinéma ? De quels artistes vous sentez-vous proche ?
Lisandro Alonso - Tout ce qui passe devant moi m’affecte d’une certaine manière, bien que je sois devenu moins sensible ces derniers temps, très concentré sur ma petite famille. Le cinéma m’intéresse, quelle que soit sa forme, surtout lorsqu’il s’agit de recherches personnelles. Certains cinéastes m’interpellent particulièrement : Miguel Gomes, Apichatpong Weerasethakul, Carlos Reygadas, Paul Thomas Anderson, João Nicolau ou encore Albert Serra, avec qui j’ai partagé une correspondance filmée, présentée actuellement au Centre Pompidou. Je pense aussi au peintre Juan Andrés Videla.
SP - Vous vous apprêtez à tourner en Argentine avec l’acteur Viggo Mortensen. Vous semblez tous deux aimer vous exprimer au-delà des mots. Comment travaillez-vous ensemble ?
LA - Comme je l’expliquais à Nicolas Azalbert, pour un article publié dans Les Cahiers du cinéma, en janvier dernier : « Le choix de travailler avec lui est bien sûr très différent de mes précédents films où je filmais des acteurs non professionnels (Misael Saavedra dans La Libertad et Argentino Vargas dans Los Muertos, tous deux réunis dans Fantasma, ndlr), mais je ne vois pas Viggo Mortensen comme une star hollywoodienne. C’est un acteur charismatique, qui ne parle pas beaucoup ; il est tout en présence. Son jeu passe davantage par la gestuelle et le regard. De plus, il a grandi en Argentine. Son père était administrateur d’une estancia dans le Chaco, à Santa Fe. […] Il connaît donc la campagne, sait monter à cheval et, surtout, parle parfaitement espagnol. C’est bien sûr un grand acteur mais c’est aussi – et c’est peut-être tout aussi important pour moi – un éditeur de livres de poésie, de peinture et de photographie. Il a édité, il y a quelques années, un livre de poètes argentins. Il a donc une curiosité autre que celle de jouer. […] C’est un acteur qui prend des risques, comme il le prouve en jouant dans mon film. D’après lui, il s’agit d’un film expérimental et, venant de sa part, on dirait qu’il s’agit d’un film d’Andy Warhol. »
SP - Pour ce cycle, vous avez choisi de nous faire découvrir des films et des cinéastes argentins contemporains. Que se passe-t-il du côté de Buenos Aires ?
LA - À Buenos Aires et dans les environs, on filme mieux, on est à la recherche d’un langage spécifique, de nouvelles caméras, de nouveaux films. Il y aussi de nouveaux écrans, en dehors du circuit des cinémas traditionnels.
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