Cine / video
Naomi Kawase
Rétrospective
23 nov 2018 - 7 ene 2019
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« Je ne fais pas des films de façon professionnelle. Le cinéma, pour moi, c’est une autre façon de vivre. Ni plus ni moins. »
Naomi Kawase, Le Monde, 31 octobre 2007.
Le cinéma de Naomi Kawase est indissociable de ses origines et de son histoire. Née en 1969 à Nara, au Japon, Naomi Kawase est abandonnée par ses parents et recueillie par une grand-tante et un grand-oncle. À la mort de celui-ci, alors qu’elle est encore une jeune adolescente, sa grand-tante, Uno, devient sa seule famille. Les études à l’école de photographie d’Osaka qu’elle entreprend à la fin des années 1980 lui font découvrir, dans le cinéma, le moyen d’affronter le gouffre de ses origines, les interrogations et les blessures qu’il a ouvertes. Caméra à la main, elle filme le quotidien avec Uno, son seul lien au monde, et part à la recherche de son père. Ces très beaux films à la première personne (dont Étreinte, 1992, et Escargot, 1994), qui tiennent à la fois du journal, du portrait, de l’autobiographie et du documentaire, constituent l’ADN du cinéma de Naomi Kawase.
Lorsqu’elle réalise Suzaku en 1997, la cinéaste aborde ce premier long métrage de fiction avec tout ce qui forge sa singularité : elle filme le monde qui l’entoure, la région montagneuse et boisée de Nara, et travaille avec des acteurs amateurs, qui y vivent comme elle. Sélectionné au festival de Cannes, Suzaku remporte la Caméra d’or, faisant de Naomi Kawase la première cinéaste japonaise et la plus jeune lauréate dans l’histoire de ce prix décerné à un premier film : sa carrière est véritablement lancée. Depuis lors, en vingt ans, elle n’a cessé de filmer les liens sensuels et spirituels qui nous unissent à la nature et à notre culture, partant de sa propre expérience pour englober l’univers et les autres, du home movie au mélodrame. Le succès de ses films de fiction, tels Shara (2003), Still the Water (2014) ou Les Délices de Tokyo (2015), ne l’écarte pas pour autant de son travail documentaire et autobiographique qu’elle poursuit en parallèle, notamment avec le superbe Naissance et Maternité (2006), les deux pratiques se nourrissant l’une l’autre. Qu’elle filme le réel ou qu’elle compose un récit, les femmes – Uno, la figure tutélaire, Naomi elle-même et beaucoup d’autres – tiennent dans cette œuvre, qui compte aujourd’hui plus de quarante films, la place centrale qui leur revient.
Dans le cadre de Japonismes 2018, une initiative de la Fondation du Japon qui permet de mettre en lumière, à travers toute la France, le travail de nombreux artistes japonais, après avoir exposé le compositeur et plasticien Ryoji Ikeda et alors que nous rendons hommage à l’architecture de Tadao Ando, nous sommes heureux et honorés de présenter, avec le Festival d’Automne à Paris, toute l’œuvre de Naomi Kawase, au travers d’une rétrospective en quarante-cinq films et d’un autoportrait que nous lui avons commandé pour notre collection Où en êtes-vous ?, soutenu par ARTE. Pour l’occasion, Naomi Kawase a créé ses deux premières installations, très attendues. Elles sont exposées pendant un mois et demi en accès libre au Forum -1, à côté d’une nouvelle installation du cinéaste espagnol Isaki Lacuesta – à qui nous consacrons également une rétrospective – et de la correspondance filmée qu’il a entretenue avec Naomi Kawase en 2008 et 2009. Nous tenons ici à saluer le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone et son directeur à l’époque, Jordi Balló, qui ont initié et produit ces beaux échanges entre cinéastes.
Serge Lasvignes
Président du Centre Pompidou
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todos los días excepto martes
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Biographie
1969
Naomi Kawase naît le 30 mai 1969, à Nara, au Japon. Son père a quitté sa mère, qui abandonne à son tour l’enfant à une grand-tante et un grand-oncle. Élevée par ces parents adoptifs, en particulier par Uno Kawase qu’elle appelle « grand-mère », Naomi grandit dans la région rurale de Nara, au contact étroit de la nature et de la culture traditionnelle japonaise qu’Uno lui transmet. Au lycée, elle pratique intensivement le basket-ball, une expérience fondatrice.
1989
Naomi Kawase étudie à l’école de photographie d’Osaka (devenue depuis école d’arts visuels) et commence à réaliser ses premiers films en 8 mm et 16 mm. Diplômée de l’école en 1989, elle y enseigne ensuite pendant quatre ans.
1995
Au Festival international du film documentaire de Yamagata, Etreinte / Dans ses bras, une recherche du père qui l’a abandonnée, obtient une mention spéciale du jury de la presse FIPRESCI, tandis qu’Escargot / Katatsumori, portrait de sa « grand-mère » adoptive, remporte le prix d'excellence de la section Nouveaux courants asiatiques.
1997
Suzaku, qui signe les débuts de Naomi Kawase dans le long métrage de fiction, reçoit la Caméra d’or au Festival de Cannes, faisant d’elle la première cinéaste japonaise et la plus jeune lauréate dans l’histoire de ce prix décerné à un premier film. Dans le pays boisé / Histoire des bûcherons, portrait d’un monde paysan en voie de disparition, obtient une mention spéciale au Festival international du film documentaire Visions du réel à Nyon en Suisse.
2002
Après les deux prix remportés par Les Lucioles au Festival international du film de Locarno en 2000, des rétrospectives de l’œuvre de Naomi Kawase sont organisées au festival d’Alba, en Italie, et à la Galerie nationale du Jeu de Paume, à Paris.
2003
Shara, sur la résilience et l’éveil à la vie de deux adolescents, est sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes. Le succès des trois premiers longs métrages de fiction de Naomi Kawase ne la détourne pas pour autant de son travail documentaire et autobiographique.
2006
Naissance et maternité, dans lequel Naomi Kawase filme la naissance de son fils Mitsuki, chez elle, et revient sur sa propre enfance et sur son lien à Uno Kawase, est récompensé aux festivals internationaux de Locarno, Taiwan, Copenhague et Yamagata.
2007
La Forêt de Mogari, film sur la perte et le deuil dans lequel la forêt, que Naomi Kawase n’a cessé de filmer, occupe maintenant la place centrale, reçoit le grand prix du jury au Festival de Cannes.
2008
Naomi Kawase entame une correspondance filmée avec Isaki Lacuesta, qui s’étendra sur un an et sept lettres. Les images issues de cet échange seront présentées au Festival de Locarno en 2009, puis exposées en 2011-2012 au Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, avec les autres correspondances entre cinéastes produites par le CCCB.
2009
Naomi Kawase reçoit le Carrosse d’or de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, prix qui rend hommage à un cinéaste pour avoir marqué l’histoire de son art.
2010
Genpin, documentaire sur l’accouchement naturel et réflexion sur les liens entre plaisir, naissance et mort, remporte le prix FIPRESCI au Festival de San Sebastián. Naomi Kawase fonde le Festival international du film de Nara, qu’elle dirige toujours, et produit des films de cinéastes du monde entier dans le cadre du projet NARAtive.
2012
Chiri / La Maison de ma grand-mère rend compte de la fin de vie de la mère adoptive de Naomi Kawase, Uno, à l’âge de 97 ans.
2014
Naomi Kawase tourne Still the Water sur l’île japonaise d’Amami, où elle s’est découvert des racines familiales. Après le décès d’Uno, la cinéaste revient sur la mort et la transmission. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes.
2015
Les Délices de Tokyo, sélectionné par Un certain regard au Festival de Cannes, est le plus grand succès de Naomi Kawase en salles en France.
2018
À l’occasion de cette rétrospective et exposition autour de sa correspondance filmée avec Isaki Lacuesta, Naomi Kawase présente ses premières installations au Centre Pompidou. Dans ce cadre, elle réalise également un autoportrait répondant à la question Où en êtes-vous, Naomi Kawase ? Son nouveau film de fiction, Voyage à Yoshino, avec Juliette Binoche, sélectionné en compétition au Festival de San Sebastián, sort en salles le 28 novembre.
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