Sans titre (Leno Viejo)
1961
Sans titre (Leno Viejo)
1961
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions |
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Técnica | Bois, fil de fer et métal peints |
Medidas | 40 x 16 x 17 cm |
Adquisición | Dation, 2011 |
Inventario | AM 2012-106 |
Información detallada
Artista |
Jesús Rafael Soto
(1923, Venezuela - 2005, France) |
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Título principal | Sans titre (Leno Viejo) |
Fecha de creación | 1961 |
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions |
Técnica | Bois, fil de fer et métal peints |
Medidas | 40 x 16 x 17 cm |
Adquisición | Dation, 2011 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Contemporain |
Inventario | AM 2012-106 |
Análisis
À partir de 1958, Soto délaisse le Plexiglas pour de nouveaux matériaux plus bruts, qu’il trouve dans la rue ou sur des chantiers. Il cherche à vérifier la possibilité de dématérialiser les éléments placés sur des bois de récupération, en s’accordant toute liberté pour la partie superposée. Le collectionneur et critique d’art vénézuélien Alfredo Boulton a qualifié cette période de « baroque1 ».
La création des Leños [« tronc, bûche »] est arrivée presque par hasard, raconte Soto lors d’un entretien avec Ariel Jiménez2. Proche de Tinguely à cette époque, il explore avec lui les entrepôts des ferrailleurs. Chez l’un d’eux, il découvre des solives provenant de la charpente d’une maison détruite, destinées à être vendues comme bois de chauffage. Fasciné par les vestiges du travail des charpentiers subsistant sur le bois – tenons, mortaises, charnières –, il achète au kilo un lot de poutrelles.
Il fabrique alors nombre de petites sculptures, de dimensions variables, où l’une des faces est couverte de stries noires et blanches, constituant un fond tramé. Parfois, il adjoint à celui-ci une zone monochrome bleue ou rouge. Les pièces de bois sont laissées avec leurs clous recourbés ou pointés vers le ciel, leurs encoches, leurs plaques de métal vissées. Au bas de certaines, il ajoute quatre clous afin de leur donner des pieds. Sur la surface striée, Soto fixe, selon les sculptures, un enchevêtrement de fils de fer, une tige de métal recourbé ou une aiguille, ou encore un clou soudé à la verticale sur un autre clou. La superposition de ces éléments sur la surface moirée produit, lorsque que le regard se déplace légèrement, une vibration optique inattendue qui crée une illusion de dématérialisation : « J’ai dans l’idée, précise Soto, que la dématérialisation précède les éléments, que l’espace est à l’intérieur des éléments et que le temps est aussi à l’intérieur des éléments3. »
Les Leños s’inscrivent dans la continuité des Vibrations des années 1959-1962, peintures dans lesquelles Soto développe son vocabulaire cinétique en intégrant le mouvement par la superposition d’enchevêtrements simples ou complexes de fils de fer sur une surface striée, verticalement ou horizontalement. Mais l’intervention plastique sur une forme brute est tout à fait atypique dans son œuvre. Les Leños sont sans doute les travaux les moins structurés, les plus libres de l’artiste, dans la mesure où ils prennent en compte une transformation préalable du matériau par un artisan anonyme. En effet, leur forme générale, ainsi que les trous, les encoches, les clous, les charnières, qui procèdent d’une utilisation antérieure, sont partie intégrante de la sculpture.
Inspiré à la fois par les assemblages dadaïstes, qui transforment le déchet en œuvre d’art, et ceux des Nouveaux Réalistes, qui détournent les objets du quotidien, les Leños de Soto s’en distinguent cependant par la volonté de préserver et de mettre en valeur le travail de l’homme sur la matière, tout en cherchant à dématérialiser la forme.
Le Leño du Musée national d’art moderne – auquel Soto n’avait pas donné de titre – est l’un des seize que l’artiste a réalisés au début des années 19604. Il laisse apparaître la peinture ocre d’origine sur l’une des faces de la solive, et conserve une charnière et une rangée de clous recourbés. Soto a simplement peint, dans la partie supérieure, un rectangle noir strié de blanc sur lequel il a superposé, accroché à un clou existant, un tourbillon de fil de fer. Il a également ajouté au pied de l’œuvre quatre petits clous qui la rendent plus stable. La sculpture garde le caractère brut de son usage précédent, mais, par son intervention, qui produit un espace vibratoire, l’artiste sublime le tronçon de poutre en transformant la matière en énergie.
Soto cessera de fabriquer des Leños lorsque sa réserve de poutrelles sera épuisée, le ferrailleur chez qui il s’approvisionnait ayant vendu tout son stock.
Nathalie Ernoult
Notes :
1. Alfredo Boulton, Soto, Caracas, Ernest Armitano Editor, 1973, p. 129.
2. Ariel Jiménez, Conversaciones con Jesús Soto/Conversations with Jesús Soto, Caracas, Fundación Cisneros, 2005, p. 97 et 100.
3. Entretien avec Hans Ulrich Obrist, 2004 (Archives Soto, Paris), partiellement publié dans Hans Ulrich Olbrist, « Jesús Rafael Soto », Conversations, vol. 1, Paris, Manuella Éditions, 2008, p. 781-792.
4. La plupart des Leños se trouvent dans des collections particulières. Le MoMA, à New York, en possède toutefois un exemplaire, ainsi que la Fundación Galería de arte nacional (GAN) de Caracas.
Source :
Extrait du catalogue Soto, Collection du Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2013
Bibliografía
Joray (Marcel).- Soto et l''art cinétique.- Neuchâtel (Suisse) : Ed. du Griffon, 1984 (ill. n° 52, repr. p. 92)
Jesús Rafael Soto : Paris, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1997 (repr. p. 103) . N° isbn 2-908901-49-8
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Jesus Rafael Soto : Visione in movimento : Bergame, GAMeC-Galleria d''Arte Moderna e Contemporanea, 13 octobre 2006-25 février 2007 (cat. n° 18, repr. coul. p. 71)
Jesus Rafael Soto dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne : Paris, Centre Pompidou, Galerie du Musée, 27 février-20 mai 2013.- Paris: Centre Pompidou, 2013 (cat. n° 8, cit. p. 57, 118, repr. coul. 56) . N° isbn 978-2894426-594-4
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