La Minotauromachie
[1935]
Información detallada
Artista |
Pablo Picasso
(1881, Espagne - 1973, France) |
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Título principal | La Minotauromachie |
Fecha de creación | [1935] |
Ámbito | Estampe | Epreuve |
Técnica | Eau-forte, grattoir et burin sur papier |
Etapa de la creación | VIIe état |
Medidas | 56,5 x 77,5 cm |
Inscripciones | Inscription en bas à gauche : Une des trente épreuves du tirage. Signé en bas à droite : Picasso. Non daté |
Adquisición | Donation Louise et Michel Leiris, 1984 |
Sector de colección | Cabinet d'art graphique |
Inventario | AM 1984-662 |
Análisis
Entre 1899, date de sa première gravure, El Zurdo , et 1972, date de la dernière, Femme au miroir , Picasso n’aura pas cessé de graver, dans toutes les techniques possibles. Plus de 2 000 estampes sont recensées, sans compter les différents états. Les sept états (plus un tirage en couleurs) de l’eau-forte sur cuivre de La Minotauromachie , gravés du 23 mars au 3 mai 1935, sont considérés comme les chefs-d’œuvre du corpus gravé (le VII e état a été tiré à cinquante exemplaires ; le cuivre rayé est à Paris, musée Picasso, MP 3527). Ils s’inscrivent dans le prolongement de La Suite Vollard , une série de cent estampes gravées entre 1930 et 1937, portant le nom du marchand-éditeur et constituant une sorte de récit imagé des amours et de l’œuvre du sculpteur. La série contient les planches du Minotaure et du Minotaure aveugle , où le monstre crétois apparaît comme un amoureux brutal, mais fragile et mortel, un double symbolique de l’artiste. La Minotauromachie renoue avec cette dramaturgie, bien éloignée de l’image triomphante du Minotaure de 1933 « brandissant comme un sceptre son poignard phallique » (Michel Leiris), celle qui illustrait la couverture du nº I de la revue Minotaure éditée par Tériade. La composition se présente, ainsi que l’avait relevé Brigitte Baer, comme « un baisser de rideau » où se retrouvent tous les personnages qui ont hanté la vie et l’œuvre gravé de Picasso : le Minotaure cherchant son chemin dans les ténèbres, Marie-Thérèse en Ariane et en femme torera enceinte, le père barbu, le cheval de la corrida, les pigeons de Málaga. Le caractère énigmatique de la scène tient aux jeux de rôle multiples des figurants, qui incarnent simultanément l’innocence et le péché, la sagesse et la folie, l’enfance et la mort. Si son caractère romanesque peut sembler anecdotique (la figure de Marie-Thérèse au chapeau rond est démarquée d’une photographie d’elle à l’âge de treize ans, mais la torera porte le fruit de leurs amours défendues), l’image, qui conjugue fixation mémorielle et substrats religieux ou mythiques, a une force hypnotique. Cette somme intime mais inquiétante, conçue à une date où ont débuté les troubles populaires annonciateurs de la guerre civile espagnole, trouvera, dans le grand panneau peint de Guernica , en 1937, son aboutissement historique.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008