La vache spectrale
1928
La vache spectrale
1928
À l'aube, les vaguelettes viennent se briser contre cette terre ocre où se dressent des spectres d'animaux comme dans un cauchemar qui s'achève.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur contreplaqué |
Medidas | 50 x 64,5 cm |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1974 |
Inventario | AM 1974-14 |
Información detallada
Artista |
Salvador Dalí
(1904, Espagne - 1989, Espagne) |
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Título principal | La vache spectrale |
Fecha de creación | 1928 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur contreplaqué |
Medidas | 50 x 64,5 cm |
Inscripciones | S.D.B.DR. : Salvador Dali 1928 |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1974 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1974-14 |
Análisis
Salvador Dalí témoigne, dans son autobiographie, de sa fascination pour les écrits de Goethe consacrés à la morphologie, aux structures du vivant, à ses métamorphoses (La Vie secrète de Salvador Dalí, Paris, Gallimard, 1979, p. 14). Dalí attribue à l’ossature et aux chairs, aux catégories organiques du solide et du mou, une signification « cachée », qu’il rapproche de celle de l’inconscient, qu’il découvre dans les écrits de Sigmund Freud. Sa pensée, sa peinture jouent de la polarité d’un informe organique, qu’il oppose aux valeurs d’ordre, de mesure, auxquelles l’avait conduit, jusqu’en 1928, son intérêt pour le cubisme de Pablo Picasso, le purisme de Le Corbusier. Lors de son exposition à la galerie Dalmau de Barcelone (31 décembre 1926-14 janvier 1927), la critique évoque encore Picasso pour rendre compte de ses peintures marquées par le cubisme. Dans les dessins que Federico García Lorca expose en juin 1927, également à la galerie Dalmau, Dalí trouve un écho de son tropisme pour l’informe. Il salue dans ces œuvres « l’immatérialité organique », la « qualité très pure et physiologique ». En septembre 1927, la visite que Joan Miró et Pierre Loeb rendent à Dalí à Figueras conforte l’orientation du peintre vers le surréalisme.
La revue Gallo [Coq] que publie García Lorca l’année suivante (Grenade, février 1928), et dont Dalí conçoit les illustrations, est empreinte de l’esprit du surréalisme. La « physiologie », qu’il n’a cessé de rapprocher de l’inconscient, s’impose à Dalí comme un élément caractéristique du vocabulaire surréaliste qu’il se forge. Réseau de viscères, amas de poils, La Vache spectrale (cat. rais., I, n° 303), provenant de la collection Peggy Guggenheim et révélée en 1942 à l’exposition « Art of This Century » à New York, est « surréaliste » en raison de ses formes molles, en contradiction avec les compositions géométriques de ses premières œuvres. Le souvenir de l’ordre puriste par lequel Dalí a été momentanément tenté plane encore sous la forme d’un aérolite mathématique dans le ciel, situé à l’arrière-plan du tableau. Au premier plan, des mouches, un âne en putréfaction signent la conversion définitive de Dalí à la morphologie « décadente » du surréalisme.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007