Hallucination partielle. Six images de Lénine sur un piano
1931
Hallucination partielle. Six images de Lénine sur un piano
1931
Dalí retranscrit ici une hallucination vécue à l’heure du coucher où lui sont apparus, sur les touches d’un piano, des visages de Lénine auréolés.
Ámbito | Peinture |
---|---|
Técnica | Huile et vernis sur toile |
Medidas | 114 x 146 cm |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1938 |
Inventario | AM 2909 P |
Información detallada
Artista |
Salvador Dalí
(1904, Espagne - 1989, Espagne) |
---|---|
Título principal | Hallucination partielle. Six images de Lénine sur un piano |
Otro título | Composition (évocation de Lénine) Composition (apparition de Lénine) |
Título atribuido | Hallucination : six images de Lénine au piano ; Hallucination : six images de Lénine sur piano ; Apparition de Lénine |
Fecha de creación | 1931 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile et vernis sur toile |
Medidas | 114 x 146 cm |
Inscripciones | DE.S.D.B.G. : a Gala Salvador Dalí 1931 |
Adquisición | Achat de l'Etat, 1938 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 2909 P |
Análisis
Salvador Dalí intègre officiellement le surréalisme en 1929, l’année même où André Breton engage le mouvement dans une phase de radicalisation politique. Le Second Manifeste du Surréalisme (Paris, Simon Kra, 1930) enjoint les surréalistes à s’engager dans l’action militante aux côtés du parti communiste. Le Parti ne tarde pas à imposer à ses nouvelles recrues une allégeance qui n’est pas seulement politique. Au Congrès des Écrivains révolutionnaires de Kharkov (1930), Louis Aragon et Georges Sadoul sont contraints d’abjurer leur sympathie trotskiste, leur attachement au freudisme. Les relations du surréalisme avec les communistes français se tendent lorsqu’en 1931 le Parti manifeste son indignation, suite à la parution dans la quatrième livraison du Surréalisme au service de la Révolution (décembre 1931, p. 31-36), du texte « Rêverie », dans lequel Dalí met au grand jour le détail de ses obsessions sexuelles. La polémique qu’il fait naître rappelle au peintre celle qui avait conduit son père à le rejeter du domicile familial. Un nouveau « père », celui de la Révolution, Lénine, tente à nouveau de s’opposer à la libre expression de ses désirs.
Dans son Hallucination partielle. Six images de Lénine sur un piano (cat. rais., I, n° 362), exposée chez Pierre Colle en 1932 et reproduite dans Le Surréalisme au service de la révolution (n° 5, 15 mai 1933), Dalí fait apparaître une série de portraits de Lénine sur les touches d’un piano, à la place qu’occupait la tête de l’« âne pourri » dans une scène du film Un chien andalou et, de nouveau, à l’arrière-plan de son tableau Guillaume Tell (1930). Faut-il en conclure que Lénine se voit assimilé à la gent « putride », à ces intellectuels philistins qui, pour Dalí et Federico García Lorca, sont les promoteurs des songes creux, les contempteurs définitifs du désir et des « bas instincts » ? Deux ans après avoir peint son Hallucination partielle. Six images de Lénine…, Dalí confond, sans équivoque, la figure du père et celle du révolutionnaire russe. Dans L’Énigme de Guillaume Tell (1933), il campe un Lénine aux formes « molles » qui provoque la fureur d’André Breton, un autre « père », celui du surréalisme.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007