La Lecture
1924
La Lecture
1924
« Pour moi la figure humaine, le corps humain n'ont pas plus d'importance que des clés ou des vélos. C'est vrai. Ce sont pour moi des objets valables plastiquement et à disposer selon mon choix.»Dans une composition au cadrage serré, deux femmes monumentales fixent le spectateur. L'œuvre est fondée sur le contraste, le contrepoint et le rythme binaire : des femmes sur un arrière-plan géométrique, l'une coiffée, nue et couchée, l'autre chauve, debout et vêtue.
L'artiste met ici en pratique son principe de la figure objet, où l'humain n'est plus considéré de manière sentimentale mais comme une «valeur plastique » au service de la modernité.
Ámbito | Peinture |
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Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 113,5 x 146 cm |
Adquisición | Legs de Baronne Eva Gourgaud, 1965 |
Inventario | AM 3718 P |
En cartel:
Información detallada
Artista |
Fernand Léger
(1881, France - 1955, France) |
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Título principal | La Lecture |
Fecha de creación | 1924 |
Ámbito | Peinture |
Técnica | Huile sur toile |
Medidas | 113,5 x 146 cm |
Inscripciones | S.D.B.DR. : FLEGER / 24 |
Adquisición | Legs de Baronne Eva Gourgaud, 1965 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 3718 P |
Análisis
Avant même d’avoir admiré, pendant l’été 1924, en compagnie de son marchand Léonce Rosenberg, les mosaïques de Ravenne, Léger avait conçu cette composition combinant deux figures monumentales dont le regard éclatant et fixe est dirigé, non vers les livres qu’elles tiennent pourtant ouverts, mais vers le spectateur. L’état définitif de La Lecture (cat. rais. II, n o 307) a été de fait précédé, en 1923-1924, par une série nombreuse d’études dessinées ou peintes, très poussées, pour chacune des figures. Celle de droite, debout, avait été à l’origine pourvue d’une longue chevelure noire, dont la suppression dans l’état définitif entraîna, selon Léger, un incident avec son marchand.
Le cadrage est ici resserré au maximum : vus en gros plan, les deux personnages se détachent sur un fond quasiment abstrait (combinaison de rectangles et de moulures). Les rares accessoires (les livres rouges, les fleurs rigidifiées, la collerette blanche et la jupe bleue) jouent un rôle strictement fonctionnel dans cette composition binaire, fondée sur la répétition, le contraste et le contrepoint. Une figure allongée s’oppose à une figure debout. Le visage arrondi de l’une est doublement encadré d’une chevelure en coques et d’un coussin rectangulaire bleu. En revanche, elle semble nue (on distingue un sein rond et lisse), tandis que l’autre, à face de lune, sans cheveux, est habillée d’une blouse à col plissé et d’une jupe, également à plis, plus larges. Deux figures, deux livres – les seules taches rouges dans une harmonie plutôt froide – trois fleurs, deux mains visibles, avec des ongles nettement dessinés, et quatre bras de géantes, puissants comme des bielles, qui dessinent un engrenage vivant et animé devant la grille abstraite du fond. Cette étonnante composition fut achetée, dès 1926, par le baron Gourgaud, grand amateur d’art moderne. Léonce Rosenberg, comme Léger lui-même, était conscient qu’il s’agissait d’une œuvre exceptionnelle, peut-être même du chef-d’œuvre du peintre.
C’est l’une des premières mises en pratique, et sans doute la plus impressionnante, du principe de la figure-objet. Léger y insistait : « Pour moi la figure humaine, le corps humain, n’ont pas plus d’importance que des clefs ou des vélos […]. On doit considérer la figure humaine, non comme une valeur sentimentale, mais uniquement comme une valeur plastique » (« Comment je conçois la figure », Fonctions de la peinture, op. cit. , p. 76). Les deux femmes jumelles, aux visages parfaits et vides de la Lecture sont en effet à voir comme les rouages d’une puissante machine, remplissant exactement l’espace mesuré du tableau. Hors du temps, elles s’inscrivent d’emblée dans le patrimoine classique.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007