Fontaine
1917 / 1964
Fontaine
1917 / 1964
Marcel Duchamp achète un urinoir dans un grand magasin, le signe "Richard Mutt", le baptise Fontaine et le présente comme de l'art.
Envoyé à un salon new-yorkais, l'objet est refusé. Le jury n'est pas prêt à accepter cette œuvre provocatrice. Duchamp l'appelle "ready-made" : un objet industriel "tout fait" est revendiqué comme œuvre d'art, par le seul fait d'avoir été choisi par l'artiste. Ce geste simple donne un nouveau statut à l'objet d'art. Quelle est la fonction de l'artiste ? L'œuvre d'art se doit-elle encore d'être belle, unique ? Faite à la main ? Autant de questions qui modifieront en profondeur l'art du 20e siècle.
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions | Ready-made |
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Técnica | Faïence blanche recouverte de peinture |
Medidas | 38 x 48 x 63,5 cm |
Adquisición | Achat, 1986 |
Inventario | AM 1986-295 |
Información detallada
Artista |
Marcel Duchamp
(1887, France - 1968, France) |
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Título principal | Fontaine |
Título atribuido | Urinoir |
Fecha de creación | 1917 / 1964 |
Circunstancias de producción | D'après la photographie de l'original (perdu, fait à New York en 1917) prise par Alfred Stieglitz en 1917, cet exemplaire, réalisé en 1964 sous la direction de Marcel Duchamp par la Galerie Schwarz à Milan, constitue la 3e version |
Ámbito | Oeuvre en 3 dimensions | Ready-made |
Técnica | Faïence blanche recouverte de peinture |
Medidas | 38 x 48 x 63,5 cm |
Impresión | Exemplaire : Rrose |
Inscripciones | S.D.B.G. : R. MUTT / 1917 |
Adquisición | Achat, 1986 |
Sector de colección | Arts Plastiques - Moderne |
Inventario | AM 1986-295 |
Análisis
L’histoire de l’urinoir de Marcel Duchamp tempère quelque peu l’idée (reçue) qui en fait l’objet le plus provocateur de l’histoire de l’art du xxe siècle, le symbole même de la subversion avant-gardiste. Fontaine (cat. rais. 1, no345 d) n’était pas destinée à heurter le goût de Monsieur Prud’homme, mais à prendre à leur propre piège des artistes qui se voulaient libéraux et tolérants. En 1917, à New York, Duchamp est membre du comité de direction de l’exposition organisée par la Society of Independant Artists, dont les règles, en ce point distinctes de celles des Salons officiels, affirment qu’il est ouvert à tous, « sans prix ni jury ». C’est pour tester cette ouverture d’esprit autoproclamée que Duchamp, sous le pseudonyme de Richard Mutt, présente son urinoir au comité d’accrochage. L’objet, évidemment, suscite polémiques et controverses, puis finit par être relégué hors des espaces d’exposition du Salon. Alfred Stieglitz l’expose alors dans sa galerie 291, où il le photographie. L’épisode de l’urinoir se doit d’être rapproché d’un autre rejet dont fut victime Duchamp, lors du Salon des Indépendants de 1912, à Paris. À la demande de ses « amis » cubistes, il avait dû lui-même décrocher son Nu descendant un escalier no2, jugé hérétique par rapport à ce que ses pairs pensaient être la doxa cubiste. Qu’une censure puisse émaner d’artistes qui se disaient d’avant-garde avait ulcéré Duchamp. En 1917, il est maître du jeu. Il orchestre le scandale, assure la publicité à « sa » Fontaine , l’inscrit dans l’histoire de l’art, reproduit la photographie de Stieglitz dans le no2 de sa revue The Blind Man (New York, mai 1917), y commente son aventure dans l’éditorial « The Richard Mutt Case ». Piégée par l’ironie duchampienne, l’histoire fait de Fontaine l’étendard de l’iconoclasme moderne.
Didier Ottinger
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007