¿Ha cometido Wolff von Amerongen un delito por quiebra fraudulenta?

Knittelfeld – Stadt ohne Geschichte

de Gerhard Benedikt Friedl

Autriche - Allemagne / 1997 / 35´ / coul. / 16 mm / vostf

L’histoire d’une petite ville de province autrichienne posée dans un paysage

sans grandeur, une ville comme Knittelfeld.

Wolff von Amerongen a-t-il commis une faillite frauduleuse ?

Hat Wolff von Amerongen Konkursdelikte begangen ?

de Gerhard Benedikt Friedl

Allemagne / 2004 / 73´ / coul. / vidéo HD / vf

Des rues, des carrefours, une salle de conférence, les bâtiments banals de la «

modernité » verre-acier de nos villes. Un hôpital, des malades. Des tunnels,

des places. Un mouvement du regard constant, qui parcourt le visible. Au

spectateur de recréer la « scène du crime », libéré des impasses illustratives

et de l’information prédigérée. Car un implacable commentaire lui propose de

peupler ces lieux d’aujourd’hui d’histoires cachées, ou littéralement mal vues

: celles des dynasties entrepreneuriales allemandes, les Krupp, Flick, ou

Thyssen, et de quatre vingts ans de leur « success story ». Anecdotes, détails

et connexions s’accumulent, comme s’il s’agissait d’une biographie multiple, du

portrait d’un personnage « klugien »: le capitalisme est l’histoire d’une

longue succession de délits, de croisements d’intérêts et de compromissions,

crimes silencieux et invisibles.

« Wolff von Amerongen a-t-il commis une faillite frauduleuse ? N’a-t-il donc

pas ? Le film raconte comment tout se connecte, du point de vue du ministre des

Transports. Nous conduisons cet homme et nous le laissons nous montrer ce qu’il

remarque. Nous le retiendrons, nous allons revenir là-dessus, plus tard, nous

n’allons jamais revenir là-dessus. Le film est une histoire des mœurs de

l’incapacité transmise, une série, rien n’est raconté jusqu’au bout. Le

document qu’il présente provient du « milieu », et ce que nous voyons, c’est

l’économie en Europe; ce que nous entendons s’engramme. L’enjeu formel : image

et mot se ratent mutuellement. Le film s’éclipse. Son expérience même est son

argument. L’éclipse dans l’histoire est le procédé par lequel les dominateurs

prolongent leur victoire. En comparaison, le film est censément un

kaléidoscope. À chaque tour, tout ce qui a été ordonné s’écroule pour composer

un nouvel ordre. D’ici là, Wolff va se reconnaître en tant que désigné. »

Gerhard Benedikt Friedl, bonus du DVD / catalogue de la Diagonale.

Choisis et présentés par Christa Blümlinger

Christa Blümlinger, professeure en études de cinéma à l’université Paris 8,

critique et programmatrice, en Autriche, en Allemagne et en France (Trafic,

Parachute, Camera Austria, Texte zur Kunst, Cargo), a dirigé plusieurs

ensembles théoriques sur le cinéma et les images, et établi des choix d’écrits

de Serge Daney et Harun Farocki. Son livre Cinéma de seconde main. Esthétique

du remploi dans l’art du film et des nouveaux médias (à paraître) a été publié

en allemand en 2009.