Introduction
Surréalisme
Révolte intellectuelle de l’entre-deux-guerres
Le groupe des surréalistes s’est formé dans l’esprit de révolte qui caractérise les avant-gardes européennes des années 1920. Tout comme le mouvement dada, auquel certains ont appartenu, ces poètes et ces artistes dénoncent ce qu’ils perçoivent comme l’arrogance du rationalisme de la fin du 19e siècle, mis en échec par la Grande Guerre. Constatant néanmoins l’incapacité du dadaïsme à reconstruire des valeurs positives, les surréalistes s’en détachent pour annoncer l’existence officielle de leur propre mouvement en 1924.
André Breton, garant du dogme surréaliste
Dominé par la personnalité d’André Breton, le surréalisme est d’abord d’essence littéraire. Son terrain d’essai est une expérimentation du langage exercé sans contrôle. Interne en médecine et affecté en 1916 à l’hôpital psychiatrique de Saint-Dizier, André Breton s’imprègne des théories de la psychanalyse notamment sur l’« automatisme psychologique » développé par le philosophe et psychologue français Pierre Janet en 1889 et, plus tard, des recherches de Sigmund Freud sur l’analyse des rêves et les images de l’inconscient. Cette démarche intellectuelle s’étend rapidement aux arts plastiques, à la photographie et au cinéma, non seulement grâce aux goûts de Breton, lui-même collectionneur et amateur d’art, mais aussi par l’adhésion d’artistes hommes et femmes venues de toute l’Europe et des États-Unis pour s’installer à Paris, alors capitale mondiale des arts.
Automatisme et hasard
Les artistes surréalistes mettent en œuvre la théorie de la libération du désir en inventant des techniques visant à reproduire les mécanismes du rêve. S’inspirant de l’œuvre de Giorgio De Chirico, unanimement reconnue comme fondatrice de l’esthétique surréaliste, ils s’efforcent de réduire le rôle de la conscience et l’intervention de la volonté. Le frottage et le collage utilisés par Max Ernst, les dessins automatiques réalisés par André Masson, les rayogrammes de Man Ray, en sont les premiers exemples. Peu après, Joan Miró, René Magritte et Salvador Dalí produisent des images oniriques en organisant la rencontre d’éléments disparates.
International et pluridisciplinaire
La première exposition collective a lieu à Paris en 1925. Puis le mouvement se diffuse à l’étranger pour atteindre une renommée internationale avec les expositions de 1936 à Londres et à New York, de 1937 à Tokyo, de 1938 à Paris. Cette notoriété est renforcée par l’émigration aux États-Unis de la majeure partie du groupe pendant la Seconde Guerre mondiale. Le surréalisme a ainsi profondément inspiré l’art américain : la pratique de l’automatisme est par exemple l’une des origines du travail de Jackson Pollock et de l’Action Painting, tandis que l’intérêt porté par les surréalistes au thème de l’objet annonce le Pop Art.
Un mouvement de longue durée
Le surréalisme est un mouvement qui se développe pendant plus de quarante ans, depuis les avant-gardes historiques du début du 20e siècle jusqu’à l’émergence de nouveaux courants dans les années 1960. Outre la peinture américaine et le Pop Art, l’art surréaliste a impulsé l’apparition d’une seconde vague avant-gardiste en Europe, dont le Nouveau Réalisme est l’éminent représentant. Le Musée national d’art moderne conserve une des plus importantes collections d’œuvres surréalistes tous médiums confondus : peintures, sculptures, objets, dessins, photographies, films.